Par François Marcilhac
À l’heure où nous écrivons, nous ne pouvons évidemment pas savoir ce que sera la mobilisation du 6 octobre contre la PMA pour toutes. La crainte d’une mobilisation moindre que celle contre le mariage « pour tous » est fondée : le fait que l’ouest parisien, aux dernières européennes, ait délaissé Les Républicains, au discours inaudible sur à peu près tous les sujets, pour Macron, les palinodies de nos évêques sur le devoir de manifester des catholiques, un Rassemblement national qui fait, de nouveau, profil bas sur les questions de société par peur de se couper d’on ne sait quel électorat, alors même qu’il n’a pas su profiter du mouvement des Gilets jaunes et stagne, les messages brouillés délibérément envoyés par l’exécutif sur les réformes pour mieux déminer le terrain social, un mouvement des Gilets jaunes que le pouvoir cherche toujours à criminaliser d’autant plus facilement qu’il peine à se réinventer : tous ces faits, pour aussi hétérogènes qu’ils soient, empêchent que ne se dessine, dans toutes les couches de la société, une dynamique protestataire dont pourrait également profiter le mouvement d’opposition à l’extension de la PMA.
Macron cherche à endormir toutes les oppositions à sa politique, d’où qu’elles viennent. Un fait est révélateur : le nombre des signatures pour le référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris stagne, alors même que la perspective d’un tel référendum pourrait, à juste titre, cristalliser le mécontentement des Français. Qu’on est loin de l’automne 2004, lorsque s’était levé dans tout le pays, dans la perspective du référendum sur le traité constitutionnel du 29 mai 2005, ce vrai et grand débat national, de manière aussi spontanée que multiforme, surprenant en premier lieu des élites qui croyaient la chose pliée. Il est vrai que Macron, fort habilement depuis le printemps, préempte la notion même de grand débat avec l’aide de médias serviles, tandis que les réseaux sociaux sont de plus en plus étroitement surveillés. Jamais les libertés publiques n’ont été autant foulées au pied, par l’exécutif comme par la justice, du droit de manifester à celui de s’exprimer – la condamnation définitive de Zemour en est encore un exemple.
Macron a donc lancé un autre vrai-faux débat, sur l’immigration, afin de capter, non tant une partie fluctuante de l’électorat lepéniste – il n’a pas auprès de lui l’aura d’un Sarkozy – que celle de l’électorat Républicain qui se rappelle encore être de droite. Il n’est pas sûr, pourtant, que les vieilles recettes prennent encore. La même semaine, il est allé dire à Giuseppe Conte, qui s’est succédé à lui-même en s’alliant avec le Parti démocrate, après la crise déclenchée par Salvini, combien il était heureux de voir Bruxelles être redevenue la capitale de l’Italie. Ils se sont entendus pour faciliter davantage encore l’immigration et prévoir une répartition automatique des migrants, avec à la clé des sanctions pour les États membres de l’Union européenne qui refuseraient l’invasion. Rappelons-nous que l’anti-immigrationniste Sarkozy avait, à l’Intérieur, imposé la suppression de la prétendue double peine avant, une fois à l’Élysée, d’ouvrir grandes les portes à tous les clandestins. Sur fond de débat tragicomique sur l’identité nationale. Bis repetita…
La France est en attente d’un événement susceptible de déclencher la colère du pays réel. Celle-ci est pour l’instant diffuse, ne faisant que sourdre, ici ou là, à l’occasion d’un nouvel acte des Gilets jaunes ou d’une revendication catégorielle. Toutefois, les Français sentent bien que même ces revendications, qui touchent les urgences, les EHPAD ou EDF, que les menaces sur toutes les retraites ou tous les services publics, que la souffrance des policiers, des pompiers, des paysans, des petits retraités, des artisans et indépendants ou des enseignants, que les atteintes quotidiennes à notre manière de vivre nous concernent tous. Quel sera cet événement ? Nous l’ignorons, mais il aura lieu. Le plus tôt serait le mieux : il est temps, grand temps pour la France de retrouver le chemin de la liberté et de la prospérité.