par Ina Phisinov
Parce qu’ils sont complémentaires, parce qu’ils ne peuvent briller les uns sans les autres, parce qu’ils s’abêtissent quand ils ne sont pas ensemble, parce qu’ils sont à la base de toute relation, parce qu’il ne peut en exister qu’un seul… les hommes et les femmes ne peuvent être séparés, dissociés, isolés. Quand la société l’aura compris, un grand pas aura été fait !
Je constate avec effroi que notre société n’a jamais été aussi prude et à la fois aussi attachée au sexe ! Tout est désormais genré, réservé à une telle plutôt qu’à un tel, à destination d’une catégorie spécifique plutôt qu’à un ensemble. Mais est-ce cela une société ? Une société est un ensemble de femmes et d’hommes, d’anciens et de jeunes, de manuels et d’intellectuels, de délicats et de bourrins, de rêveurs et de terre-à-terre, d’arctophiles et autres xylophiles, etc.
Anne Brontë disait dans La Dame du manoir qu’« un roman devrait être écrit pour être lu par hommes et femmes indistinctement ». Eh oui, c’est ça la vraie vie, nous vivons ensemble !!!
Alors, quand j’achète une bouteille de vin, je le fais pour le plaisir de la dégustation, pour la délectation des papilles, pour la volupté du nectar… pas parce que des femmes plutôt que des hommes lui ont attribué une médaille à l’issue d’un concours !
Ma curiosité me pousse à en savoir plus sur le concours en question, autoproclamé sur sa page internet « plus grand concours mondial » – ben voyons, rien que ça… – « de vins, sakés, spiritueux, bières, cidres et poirés exclusivement dégustés par des femmes professionnelles du secteur ou passionnées aguerries ». Les membres de la Confrérie des chevaliers du tastevin et autres confréries bachiques n’ont qu’à bien se tenir ! Attention, il y a là 350 dames qui goûtent tout et n’importe quoi dès lors que c’est alcoolisé au cours d’une « dégustation qui ne laisse rien au hasard », de plus « dans des conditions optimales » et attribuent des bons points, en écriture inclusive évidemment.
Cette petite étiquette, qui m’a singulièrement agacée quand je l’ai vue, a le mérite d’avoir conforté ma position de féministe-macho ! Le vin n’est pas affaire de femmes plus que d’hommes, c’est une affaire de vigneron. En gros godillots ou les ongles vernis, on se fiche de savoir ce que cache sa petite culotte (d’autant qu’aujourd’hui on ne sait plus très bien), ce qui nous importe c’est qu’il ait l’amour de son métier et le pratique dans les règles de l’art pour le plaisir de mettre en bouteille du vin qui nous enivre de sa douce ambroisie.
Quand les hommes et les femmes, enfin surtout les femmes, cesseront-ils d’être persuadés que les différences viennent du sexe alors qu’elles viennent de la personne même ?