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L’éditorial de François Marcilhac

La France brûle et le Gouvernement regarde ailleurs.

Elle brûle à Mayotte où il encourage par son inaction le remplacement de population visant, à terme, le « rattachement » de l’île au reste de l’archipel, qui n’a jamais accepté le choix des Mahorais. Or ceux-ci étaient déjà devenus français dès 1841 pour échapper précisément à la domination des trois autres îles. Le paradoxe est que les Comoriens signent, dans le même temps, par leur fuite sur l’île restée française, l’échec cuisant d’une indépendance qui a fait leur malheur.

La France brûle en métropole, à Marseille, de manière particulièrement criante. Mais aussi dans tous les « quartiers » du pays devenus des zones de non-droit, la République nous ayant ramenés à cette période d’insécurité généralisée du Haut Moyen-Âge, dont les Capétiens nous avaient fait sortir à force de détermination et d’autorité, fondant leur légitimité par la sécurité qu’ils apportaient aux peuples rassemblés sous leur aile protectrice. Avec une différence : les grandes invasions y jouaient déjà un rôle, mais il n’était pas le principal. Les structures du pays étaient à (ré)inventer.

On le dit, et c’est vrai, l’invasion migratoire n’est pas la première préoccupation des Français et c’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle le Gouvernement ne souhaite pas, à travers une loi sur le sujet, essuyer au printemps un nouvel échec au Parlement — car c’est bien un échec qu’il a essuyé s’agissant de la réforme des retraites : il n’a pu faire voter le texte et il a failli être renversé à quelques voix près. Oui, le pouvoir d’achat et les retraites, plus encore que la guerre en Ukraine et que le niveau des nappes phréatiques qui servent de plus en plus de dérivatifs au pouvoir, oui, leur vie quotidienne, directement fragilisée par la politique de Macron, est bien la première préoccupation des Français et il en a toujours été ainsi. Ce n’est pas la faim qui fait se révolter un peuple — il est alors trop tard : c’est la peur d’avoir faim. On comprend pourquoi le pouvoir fait tout, d’un côté, pour entretenir une certaine incertitude quant à la suite des événements — l’incertitude a un effet démobilisateur — tout en maintenant, de l’autre, de quoi satisfaire à plus ou moins long terme les besoins les plus essentiels. Quant à la peur, il la dévie, jusqu’à plus soif, sur le réchauffement climatique, c’est-à-dire sur un objet à la fois impolitique et existentiel, qui ne tolère aucune discussion : le citoyen est terrassé par ce phénomène dont on est moralement obligé de sentir tous les jours les effets croissants et délétères sur soi, la moindre interrogation sur les priorités à définir vous faisant sortir de l’arc républicain. Vouloir redéfinir une priorité d’ordre politique revient presque à faire de vous un criminel contre la planète et, donc, contre l’humanité. Ou pire : un complotiste.

Du reste, ne faut-il pas nous préparer à accueillir bientôt les « réfugiés climatiques » ? La liste des persécutions et donc ceux des persécutés n’a fait que s’accroître depuis la Convention de 1951. Le climat est devenu un nouveau persécuteur d’autant plus accommodant qu’il est difficile à identifier. Alors pourquoi une loi sur l’immigration quand ce nouveau persécuteur nous dictera d’ouvrir toujours plus grandes les portes ? D’abolir jusqu’au souvenir des frontières ? Que ce soit à Mayotte ou sur le continent, le Gouvernement ne fait que de la communication pour accréditer l’idée qu’il agit contre les excès en matière d’immigration, comme si l’invasion migratoire n’était pas un excès par elle-même. Il n’a qu’un seul objectif : paraître moins mou en la matière que le RN, ou les LR, lesquels, lorsqu’ils ont été au pouvoir, n’ont fait qu’ouvrir, eux aussi, grandes les vannes. Mais le Gouvernement devrait se méfier. Car c’est précisément lorsque l’immigration sera devenue une préoccupation majeure des Français, qui sont, pour l’instant, encore loin de tous en mesurer les effets délétères, que la maison risquera de brûler de manière incontrôlée. Il sera alors trop tard pour lui. Le feu couve. Le Gouvernement doit-il attendre l’événement déclencheur de l’embrasement ?

François Marcilhac