You are currently viewing <strong>La rubrique hebdomadaire de Philippe Lallement</strong>

La rubrique hebdomadaire de Philippe Lallement

N°5 Changer les mentalités

Après la phase de consolidation, dite de la Monarchie de Salut public, utilisant les moyens offerts par la constitution de la Ve République, viendra le temps – suivant l’expression de Dictateur et roi – du  » gouvernement normal du royaume”. La toute dernière phase. Celle de la Monarchie fédérative !

D’une certaine manière la petite brochure Dictateur et roi, répond au besoin exprimé au congrès de Rennes de 1897 du Parti royaliste ; à savoir « Il serait à désirer qu’il existe un petit vade-mecum qui expose clairement les méthodes pratiques nécessaires à l’organisation du Parti. » A commencer par une doctrine. Car il ne faut pas se méprendre, le texte de Maurras n’est pas un programme monarchiste mais l’exposé synthétique de ce qu’on nommera le néo-royalisme. Une doctrine présentée sous la forme comparative d’avec le gouvernement républicain. En 1899 le programme royaliste de référence est toujours celui formalisé par Philippe VII douze ans auparavant, dans Instructions du Comte de Paris aux représentants du parti monarchique en France (1887).

En préalable, rappelons qu’il n’appartient pas à l’A.F. de prévoir les modalités du gouvernement normal du royaume. Elle n’a pas à faire un  » prêt à porter  » pour la monarchie, qui réduirait l’aventure capétienne aux dimensions d’un catalogue abstrait. Par ailleurs les bienfait de la monarchie sont certes ceux qu’elle offre à l’autorité politique sous la forme multiple d’actions mais également ceux d’une tout autre nature ; ceux qui sont induits. Voyons les deux…

  1. En ce début du XXIème siècle nous savons que la monarchie de demain ne ressemblera pas plus à celle de Louis XIV que nos assemblées parlementaires au Sénat romain. En dehors des principes fondateurs, définis par les lois fondamentales du Royaume, nous ignorons ce qu’elle sera. En revanche nous disons que les institutions d’une France post-moderne adaptée aux exigences de la technologie et de la démographie, ressembleraient davantage à ce qu’elles furent avant 1789 qu’à ce qu’elles devinrent depuis.
  2. Nous savons aussi que les Français ne se trouveraient pas changés pour autant. Après deux siècles d’aliénation, ils resteraient prisonniers des mauvaises habitudes de la démocratie. Nous assisterons pourtant avec le gouvernement normal du royaume, à une progressive mais radicale transformation des mentalités car les institutions ont une fonction pédagogique. Non que les individus soient plus vertueux sous un bon régime que sous un mauvais, mais un mauvais régime libère le ressentiment alors qu’un bon régime, à l’inverse, le bride. La monarchie ne modifierait pas le cœur humain mais elle infléchirait les rapports sociaux, les orienterait vers le bien commun. Depuis Pierre Debray nous savons qu’ « une société est façonnée par l’attitude que ses membres adoptent devant l’existence, par les mœurs ». Oui, « Le règne du quantitatif pur et la passion de l’égalité, qui inspirent la démocratie, ont créé des réflexes conditionnés, des schèmes mentaux qui ont à leur tour permis aux hommes d’accepter le travail à la chaîne, la production de masse et finalement la “ société “ de consommation. Tout se tient. Que l’on rende au citoyen sa qualité, son pouvoir de décision à son niveau de responsabilité, on l’amènera à prendre conscience de la nécessité de restaurer, au plan socio-économique la qualité de la vie. Au fond, les institutions politiques ont une valeur pédagogique, comme le savaient déjà Platon et Aristote. Elles forment un certain type d’homme. »

Mais on ne renversera les mentalités de la société de l’égalité – donc de la quantité – qu’autant que les institutions démocratiques disparaîtront au profit du gouvernement normal du royaume, évoqué dans Dictateur et roi. C’est que la monarchie suppose un autre système de valeurs que celui de l’égalité. Son ressort, comme le voyait si bien Montesquieu, se définit par l’honneur.

Alors les mentalités changeront dans la dernière phase évoquée par Maurras ; alors la royalisation du pays pourra enfin se faire.