Ne se bornant pas à l’Italie et à l’Allemagne (on sait qu’il y eut des fascistes anglais et des nazis américains – encore aujourd’hui), l’auteur distingue en trois gros chapitre l’épiphanie, l’apogée et l’apocalypse de cette idéologie générationnelle née de la Première Guerre mondiale et morte avec la Seconde.
On peut suivre pas à pas cette parabole et goûter l’effet de marée montante, jauger les mille faits qui s’accumulent, s’étonner en conséquence des opinions des démocraties d’alors, qui ne virent pas le danger et même s’offusquèrent que des nationalistes français dénonçassent l’étatisme italien et le racisme allemand : nous sommes toujours clairvoyants quand l’histoire est connue. À ceux qui choisissent cette sage lecture, le livre réserve non seulement la surprise de projets, de paroles et d’actions ignorées ou méconnues, comme la grande admiration qu’Hitler voue à Ford depuis que l’industriel a dénoncé « l’emprise des Juifs sur la finance mondiale et dans la révolution bolchévique » (décembre 1921 : le New York Times consacre une enquête à Hitler dont le bureau est orné d’un grand portrait d’Henry Ford), mais encore celle d’une riche iconographie où les images célèbres côtoient les documents peu connus, comme cette photo d’Ernest Schäfer, parti pour le Tibet le 19 avril 1938 chercher des Aryens de pur sang, et qui a accroché au-dessus de lui, minuscule et incongru, un fanion SS, ou celle du grand mufti de Jérusalem, défilant bras tendu devant les volontaires de la 13e division SS bosniaque.
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