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La Salette, de feu et d’eau (deuxième partie)

Par Rémi Hugues

Paru dans : « Je suis Français »

Une autre (prophétie) terrible, dit que Marseille sera engloutie : il y a quelques semaines elle a connu un regain d’actualité.

Le 24 juin dernier, Adonis Leroyer, pour le HuffPost, signait un papier intitulé « Marseille sera touchée par un tsunami d’ici 30 ans, c’est quasi sûr selon l’Unesco ».

Le 1er juillet, dans National Geographic, Margot Hinry a indiqué : « Récemment, l’UNESCO a annoncé un risque de ‟100% qu’un tsunami, avec une vague de plus de 1 mètre”, s’abatte sur les villes côtières de la Méditerranée, dont des villes françaises comme Marseille, Nice, Cannes et Antibes. »

Au fond ce rapport d’envergure mondiale – et terriblement anxiogène – prédestine à Marseille ce que l’Éternel, dans le texte vétérotestamentaire de Zacharie, promettait à Tyr : « Tyr s’est construit une forteresse. Elle a amassé l’argent comme la poussière et l’or comme la boue des rues, mais le Seigneur s’en emparera. Il précipitera sa puissance dans la mer » (IX : 3-4).           

Si l’on était persifleur l’on dirait que les auteurs de cette étude se sont appuyés sur la prophétie de La Salette pour déterminer ses conclusions, avant de s’ingénier à élaborer un argumentaire construit selon la méthode scientifique.

En tout état de cause, deux types de littérature se rejoignent aujourd’hui. Celle, autorisée, officielle, de spécialistes de la nature et du climat, nous avertissant de l’irruption proche – si l’on n’agit pas urgemment – de la fin du monde.

Et celle, oubliée, flamboyante, de celui qui pria la Vierge de La Salette, Léon Bloy, qui, dans Le Salut par les Juifs, explique cette réalité présentée par nos « climatocrates » comme éminemment alarmante par… la venue de cet être à propos duquel la « Mère du Christ a été dite lʼÉpouse » : l’« Inconnu dont lʼÉglise a peur », « le Promis appelé Consolateur », le « Visiteur inouï »…

« À son approche, le soleil se convertira en ténèbres et la lune en sang ; les fleuves superbes reculeront en fuyant comme des chevaux emportés ; les murs des palais et les murs des bagnes sueront dʼangoisse. »

« Le Juge vient à son heure que nul ne connaît. À son approche, […] les montagnes tremblent, les océans se dessèchent, les fleuves sʼenvolent, les métaux entrent en fusion, les plantes et les animaux disparaissent ».  Et « les astres sʼéteignent, les monts descendent sous les mers, la Face même du Juge s’obscurcit. Les univers sont éclairés par la seule Croix de Feu. »

Une telle litanie de phénomènes cataclysmiques n’est pas sans rappeler certains discours de Yannick Jadot lors de la dernière élection présidentielle. Yves Cochet, ancien ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de Lionel Jospin, qui a adopté le mode de vie d’un amish, est sans doute le plus radical parmi ces prophètes laïcisés de l’apocalypse, ces Cassandre du XXIe siècle, que sont les écologistes.

L’un des passages du Nouveau Testament qui ressemble le plus à la glose bloyenne est un extrait de l’évangile selon saint Luc, chapitre XXI, versets 25-28 :

 « Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots ; les hommes mourront de frayeur dans l’attente de ce qui menacera le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée avec beaucoup de puissance et de gloire. Lorsque cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez vos têtes, car votre délivrance est proche. »

Ce Fils de l’homme mentionné est le Christ du Second Avènement, désigné par Léon Bloy par le vocable Paraclet, ce qui veut dire « défenseur », « consolateur », « avocat ».

Face à ces Marchands de Peur – comme Jacques Attali, qui, sourire aux lèvres expliquait sur la chaîne France 24 le 20 avril 2020 qu’« après [la crise] de la pandémie c’est la crise climatique »[1] – il s’agit  de mettre à disposition du public un discours écologiste qui rassure au lieu d’affoler, basé sur la protection de la nature, un discours imprégné de la sagesse de Lucrèce, qui, dans De Natura rerum, à propos de l’effrayante question de savoir « jusqu’à quand les remparts du monde pourront supporter la fatigue de ce mouvement inquiet », estimait que « pouvoir tout regarder d’un esprit que rien ne trouble » était la meilleure des réponses.

[1]https://www.youtube.com/watch?v=ilYpm7Ow-jY