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L’Afrique Réelle N°102 – Juin 2018

  • Sommaire :

    Actualité
    Comment la France a perdu une RCA dont Vladimir Poutine est peut-être en passe de prendre le contrôle

    Dossier : Le Cameroun risque-t-il d’exploser ?
    – Le Kamerun allemand
    – Le premier conflit mondial
    – La rébellion de l’UPC (1957-1958)
    – Le Cameroun indépendant (1960-2018)
    – L’ethno-politique camerounaise
    – 2018, l’année de tous les dangers

    Editorial de Bernard Lugan :

Comme le disait le très spirituel Michel Jobert, ancien ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou : « Au rythme où vont les choses, la politique africaine de la France va bientôt se réduire à Barbès-Rochechouart… »
Le naufrage français en Centrafrique illustre parfaitement cette remarque. Entre repentance, spasmes moraux et credo démocratique, les cerveaux à nœuds du Quai d’Orsay ont en effet réussi le tour de force d’exclure la France de ce pays qui a longtemps constitué une pièce essentielle de son dispositif militaire.
Fin observateur, Vladimir Poutine a laissé les diplomates français aller au terme de leurs gesticulations militaro-humanitaires puis, quand ils se furent eux-mêmes enferrés dans leurs contradictions, il décida une intervention surprise.
Et cette dernière changea la situation. Non seulement en RCA, mais dans toute la région, l’objectif de Moscou étant de tourner le pays vers le nord Soudan comme nous l’expliquons dans ce numéro de l’Afrique Réelle.
Après le Mali et la RCA, le Cameroun ?
Dans les mois qui viennent, le Cameroun va à son tour entrer dans une période de fortes turbulences. Le diktat démocratique en sera la cause. Comme d’habitude…
Quatre élections vont en effet s’y tenir dans la seconde moitié de l’année 2018, celles du président, des sénateurs, des députés et des maires. Il est donc à craindre qu’à ces occasions, les fractures de ce pays fragile réapparaissent au grand jour.
Si le Cameroun est un apparemment pays stable, c’est  parce qu’il n’a pas connu la valse électorale qui a emporté la plupart des pays africains.
Sa chance est en effet de n’avoir eu que deux présidents depuis l’indépendance, Ahmadou Ahidjo, un nordiste musulman d’ethnie peul (de 1958 à 1982) et Paul Biya, un sudiste catholique d’ethnie beti, depuis cette date.
Agé de 85 ans cette année, le président Biya qui est donc au pouvoir depuis 36 ans, va probablement briguer un nouveau mandat en 2018. En 2011, il fut  réélu pour 7 années avec un score de 79% des suffrages contre 72% en  2004.