La question ouvrière en France retrouve une certaine visibilité en ces temps de présidentielle, et l’affaire Whirlpool n’y est pas pour rien, bien sûr, même si c’est la présence d’un ouvrier d’extrême-gauche, Philippe Poutou et les discours « ouvriéristes » de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon qui lui donnent le plus de relief. Ce sont d’ailleurs ces candidats qui, ensemble, récupèrent la plus grande partie d’un vote des ouvriers qui n’est pas à négliger, la candidate obtenant, selon les enquêtes d’opinion, près de 45 % des intentions de vote à elle seule : MM. Macron et Fillon n’obtiennent pas, à eux deux, la moitié de ce score annoncé, le candidat de la Droite libérale n’attirant qu’environ 8 % des voix du monde ouvrier, ce qui, au regard de son indifférence avérée à la question ouvrière et de son ralliement à une mondialisation fort peu sociale, se comprend aisément.
Je dois avouer que j’ai été particulièrement choqué par le refus de M. Fillon de condamner la délocalisation de la dernière usine française Whirlpool lorsque, au petit matin d’un jour de mars, le journaliste économique François Lenglet interrogeait le candidat sur cette question sensible (1). M. Xavier Bertrand, pourtant soutien du candidat libéral-conservateur, a des mots plus durs pour l’entreprise « qui ne joue pas le jeu » (2) et qui risque de laisser sur le carreau « 300 salariés et 250 intérimaires », mais il apparaît plutôt impuissant à faire revenir la multinationale à de meilleurs sentiments. Ainsi s’applique la rude loi de la jungle libérale qui, comme le rappelait le chant de l’Action Française « La Royale », fait des travailleurs des « esclaves » avant que de les transformer en « forçats » (« Du prolétariat au précariat », en somme) : décidément, ce libéralisme ne m’est pas sympathique, ni ceux qui le vantent ou s’en contentent !
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