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Affaire Mehdi Meklat : les tartuffes dans l’embarras

FIGAROVOX. – Le chroniqueur du Bondy Blog Mehdi Meklat, mais aussi son compère Badroudine Saïd Abdallah, ont tenu pendant plusieurs années des propos antisémites, homophobes, misogynes et plus largement injurieux sur Twitter. Que vous inspirent ces tweets?

David DESGOUILLES. – Ils m’inspirent exactement la même consternation que lorsque que je suis mis en présence de tweets de Henry de Lesquen, le directeur de Radio Courtoisie, ou ceux de Jérôme Bourbon, qui dirige Rivarol. À ceci près que les deux chroniqueurs du Bondy Blog ont fait la Une des Inrockuptibles en compagnie d’une ancienne ministre emblématique, et qu’ils participaient à une émission sur France Inter, intitulée affectueusement «Les kids». Bref, ils avaient ce qu’on appelle «la carte», malgré tout ce qu’ils pouvaient diffuser sur les réseaux sociaux. En fait, leurs cas personnels m’intéressent moins que la réaction de ce qu’Élisabeth Lévy avait surnommé la «gauche olfactive», celle qui fait profession de dénoncer le «nauséabond», le «rance», le «moisi», à chaque fois qu’elle en a l’occasion, traquant ici le «dérapage», ou dressant des listes de noms coupables de faire le lit – ou le jeu – du Front National. À cet égard, faut-il être consterné ou amusé par l’attitude de la journaliste Pascale Clark qui avait il y a quelques années éliminé le magazine Marianne de sa revue de presse, en raison de son traitement de la guerre du Kosovo, et qui allait s’encanailler en lisant les tweets de Medhi Meklat alias Marcelin Deschamps?

Mehdi Meklat n’a pas utilisé seulement son pseudonyme de Marcelin Deschamps sur Twitter, mais aussi son nom propre. Il n’était donc pas anonyme sur le réseau social. Peut-on parler dans son cas d’une forme d’impunité médiatique?

Au moins, Pascale Clark a eu, contrairement à beaucoup d’autres, l’honnêteté de lâcher le morceau: aux Inrocks on savait aussi, malgré les dénégations. On peut comprendre cette tartufferie: la situation est gênante. On apprend donc que le fameux «cordon sanitaire» qui servait à nous protéger de «la bête immonde sortie du ventre encore fécond», pouvait aussi servir à l’occasion à protéger l’un des leurs. Ainsi, alors qu’on condamne sans faiblesse d’habitude, on relativise, on protège l’enfant farceur, on lui tape gentiment sur les doigts en le priant de demander pardon. Ce comportement à la fois distrayant et consternant (pour l’observateur) pose question. Parce qu’il ne s’agit pas là d’un ou deux «dérapages», comme ces gens aiment les fustiger. Il s’agit là de milliers de tweets que leurs propres auteurs ont jugé nécessaire de supprimer depuis le début de la polémique.

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