Le vieux royaume et les deux Bêtes

Aujourd’hui, un conte populaire…

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Par Philippe Lallement

Il était une fois, dans un pays qu’on appelait le Vieux Royaume, un peuple ancien qui avait pour trésor sa langue, ses clochers, ses livres et sa mémoire. Ce peuple venait des champs et des villes, des vallées profondes et des ports battus par les vents. On l’appelait le Peuple des Racines.

Or, ce peuple vivait sous la loi d’un Conseil installé dans une haute tour faite de papier, de discours et d’écrans. Ce Conseil se nommait le Pays des Décideurs. Ses membres ne portaient ni fourrure ni épée mais des cravates et des sourires polis. Ils parlaient de démocratie comme d’un poème, mais n’écoutaient jamais personne. Eux seuls décidaient ce qui était bien, ce qui était mal, et ce qui devait être oublié.

Longtemps, les Décideurs racontèrent au peuple qu’une grande lumière s’était levée sur le monde, qu’il fallait tout ouvrir : les frontières, les écoles, les sexes, les mémoires. Ils appelaient ça le Grand Progrès et promettaient que bientôt les guerres, les différences et même les douleurs s’éteindraient comme de vieilles bougies.

Mais les jours passèrent et ce ne furent pas les promesses qui grandirent, ce furent les Bêtes.

La première Bête venait des brumes de l’oubli. Elle ne marchait pas sur ses pattes, mais flottait comme un nuage. On disait qu’elle n’avait ni forme ni genre, qu’elle en changeait chaque matin. Elle murmurait aux enfants : « Tu n’es ni garçon, ni fille, tu es ce que tu veux. Ton passé est une chaîne, tes parents sont des erreurs ». On l’appelait Woki, la Bête Molle. Elle glissait dans les écoles, les fêtes, les mots.

L’autre Bête était plus ancienne. Elle portait un turban d’or et des versets tranchants. Elle disait au peuple : « Vous avez trop mangé, trop dansé, trop aimé. Voici venir le temps des interdits, des séparations et de la pureté ». Cette Bête-là se nommait Islami, la Bête des Lois du Désert. Elle avançait lentement, mais elle n’oubliait rien.

Ces deux Bêtes, aussi différentes qu’elles semblaient, se lièrent d’amitié, car l’une détruisait l’âme et l’autre remplissait le vide. L’une effaçait le passé, l’autre imposait l’avenir. Elles n’avaient qu’un ennemi commun : le Peuple des Racines.

Ce peuple ne criait pas, ne brûlait pas. Il plantait, il priait, il chantait à la veillée. Il se souvenait. Et c’était cela qu’on ne lui pardonnait pas.

Dans son coin, un vieil homme à la barbe blanche nommé Philippe, qu’on disait fou, racontait une autre histoire. Il disait que tout cela était déjà arrivé, bien avant, et que les anciens avaient su résister. Il parlait d’un certain Charles féru de politique, d’un autre nommé Jacques qui brillât en tant qu’historien, et des deux Pierre qu’on appelait le philosophe pour l’un et le sociologue pour l’autre. Ils avaient laissé derrière eux des carnets, des idées, une carte pour retrouver le chemin. Il appelait cela la sagesse de l’Ordre.

Alors, des jeunes du peuple des Racines commencèrent à lire ces vieux mots. Ils parlaient de roi sans couronne, de nation sans haine, de foi sans fanatisme. Ils rêvèrent d’une nouvelle alliance, non pour dominer, mais pour tenir debout. Ils rêvèrent d’un réveil français, solide comme une cathédrale et souple comme une vigne.

Mais le Pays des Décideurs, dans sa haute tour, ricanait. Il disait : « Ils sont peu, ils sont vieux, ils sont ringards ». Et, pendant ce temps, les Bêtes grandissaient. Woki dansait dans les rues, Islami gagnait les quartiers.

Un jour, peut-être, le peuple des Racines se lèvera. Peut-être qu’il allumera un feu, non pour brûler, mais pour rassembler autour. Ce feu-là ne viendra ni de la gauche, ni de la droite, mais d’en bas, là où les choses tiennent debout. Il dira simplement : « Suffit ».

Et dans le silence qui suivra, le Vieux Royaume saura s’il veut vivre encore — ou s’effacer, dans les brumes de Woki ou les lois d’Islami.

Mais ça, mes amis… c’est une autre histoire !

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To glance at your wrist, rather than unlock a portal to infinite distractions, is to reclaim a moment of focus. It is an act of mindfulness. The ritual of winding a manual watch each morning becomes a grounding pause, a personal connection to the mechanism that will measure your day.

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