Par Adègne Nova
Où que vous regardiez, qui que vous écoutiez, vous êtes invités à lire en vacances. Enfin… comme il y a le « rosé piscine » en tête de gondoles dans tous les supermarchés, il y a les « livres de plage » sur les étagères des libraires et de n’importe quel tabac-presse !
Aujourd’hui, c’est un article d’André Despéramons, paru dans Le Roussillon, que je vous propose de lire. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, rappelons qu’à 22 ans, il a été secrétaire départemental des jeunesses royalistes des Pyrénées-Orientales et rédacteur en chef dudit journal jusqu’à sa disparition en 1944, mais aussi fondateur du cercle royaliste Le Panache, président des sections catalanes d’AF, président du comité royaliste, délégué régional du duc de Guise…
Avec André Despéramons, réfléchissons un peu :
« À l’heure où un certain nombre de nos amis vont prendre quelques jours de repos aux champs, à la mer ou à la montagne, nous les convions à réfléchir un peu sur la situation qui leur est faite sous le régime républicain.
Un royaliste n’a plus le droit d’être élu. L’élection du Maine-et-Loire, où Léon Daudet avait eu la majorité au 1er tour et qui vit au 2d tour la scandaleuse union des libéraux et des cartellistes, en est la preuve la plus éclatante. Le mot le plus gracieux qu’on puisse vous adresser est le suivant : ‘Votez donc pour nous qui jamais ne voterons pour vous !’
Un royaliste n’a plus le droit de vivre si cela déplait aux anarchistes. L’assassinat de Marius Plateau et de Berger en est le témoignage le plus clair.
Un royaliste, qui a pu heureusement échapper aux meurtriers, court le risque plus grave encore de voir ses enfants tomber sous les coups combinés de l’anarchie et de la police. Et comme ce sont les assassins qui seront chargés de découvrir les coupables, on aboutira nécessairement à une ordonnance de non !
Un royaliste ne peut plus se mettre en état de légitime défense. Les fouilles de la rue Hermel – en vertu d’un flagrant délit qui n’eut de flagrant que la volonté de la police de trouver des coupables malgré tout – suivies de la condamnation correctionnelle confirmée par la Cour d’appel, établissent que si nous avons la possibilité d’être tués, il nous est interdit de songer à nous défendre.
Un royaliste ne saurait bénéficier d’aucun des délais qui sont le privilège des criminels de droit commun. Avec eux : sitôt soupçonné, sitôt pendu. En quelques semaines, tous les degrés de juridiction sont épuisés. Et alors qu’on attend encore la condamnation des assassins de Marseille ou de la rue Damrémont, les camelots de la rue Hermel ont été exécutés avec une telle hâte que certains de leurs avocats n’ont pu arriver à temps pour les défendre.
Un royaliste qui, comme Maurras, a tenu charitablement à indiquer à un schrameck le sort qui pouvait l’attendre s’il continuait à désarmer les honnêtes gens au profit des coquins, est condamné à deux ans de prison. Mais les coquins ne seront même pas poursuivis.
On peut dire aux conscrits de déserter, de tirer sur leurs chefs, de fraterniser avec l’ennemi, il n’en coûtera rien ou peu de chose suivant les tribunaux, mais rappeler au gouvernement qu’il doit gouverner et protéger les citoyens est de la part d’un royaliste le plus noir des crimes.
Alors, nous disons à nos amis : puisque vous avez des loisirs pensez un peu à tout cela et tâchez de prendre les résolutions nécessaires pour vous faire traiter, enfin, comme des citoyens ordinaires, nous ne disons pas comme des anarchistes qui, eux, sont des privilégiés. »
André Despéramons pourrait écrire les mêmes choses aujourd’hui, non ?…


