Quand Trump fait du Maurras : la Maison Blanche vient de publier un texte historique et fondamental !

Par Gwendal Keraliès

Lorsque la Maison Blanche a publié, le 5 décembre 2025, son nouveau document National Security Strategy, peu de commentateurs ont réellement mesuré l’ampleur de ce qu’ils avaient sous les yeux. Techniquement, il s’agit d’un texte officiel fixant pour plusieurs années les principes conducteurs de la politique extérieure et de sécurité des États-Unis. Politiquement, c’est tout autre chose : c’est le premier exposé doctrinal cohérent, complet, assumé, de ce que l’on peut appeler le trumpisme.

Jusqu’ici, le personnage de Donald Trump laissait perplexes ceux qui tentaient de classer son orientation profonde : centrisme pragmatique, puisque, par exemple, il finança Hillary Clinton dans les années 2000 ; tentation néo-conservatrice, puisqu’il gouverna sous son premier mandat avec des faucons comme John Bolton ; élan libertarien avec Elon Musk, héritier d’une Amérique farouchement individualiste ; réflexes paléo-conservateurs hérités de Pat Buchanan. On flottait dans l’incertitude.

Avec ce nouveau NSS, la première nouvelle, c’est que l’ambiguïté disparaît. La Maison Blanche parle enfin d’une seule voix. Et cette voix n’a plus rien à voir avec l’ordre globalisé que Washington entendait maintenir depuis 1945.

C’est un document historique, au sens littéral puisque ce NSS n’est pas un énième rapport technocratique. C’est un basculement. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un président des États-Unis annonce que l’architecture du monde occidental ne repose plus – et ne reposera plus – sur le modèle atlantiste, supranational, universaliste, qui dominait sans partage depuis près de quatre-vingts ans.

Ce texte marque la fin d’une époque. Et, paradoxe délicieux, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui enterrent l’ordre mondial qu’ils avaient imposé. On chercherait en vain, dans les grandes démocraties occidentales, un dirigeant qui oserait renouer avec les mots qui furent ceux de Charles Maurras : primauté de la civilisation ; centralité des nations charnelles ; rejet des constructions abstraites et supranationales ; droit naturel des peuples à persévérer dans leur être. Or, voilà que cette doctrine – honnie sur le vieux continent – ressurgit… à Washington.

Il est question de civilisation, souveraineté, nations ; l’ossature du texte est maurrassienne : le chapitre introductif du NSS suffirait déjà à provoquer un scandale permanent dans les capitales européennes. On y lit que l’État-nation est l’unité fondamentale du monde et que chaque peuple doit reconnaître sa souveraineté, la défendre, en refuser la dilution.

La Maison Blanche affirme désormais que les organisations transnationales ne doivent pas pouvoir restreindre l’autorité d’un État sur son territoire, sa culture et son avenir. Pour tout lecteur familier de la pensée maurrassienne, la convergence saute aux yeux : les nations sont organiques ; les constructions supranationales sont mécaniques. Les premières survivent ; les secondes s’effondrent. Cette philosophie était bannie d’Occident depuis 1945. Elle revient aujourd’hui par la porte principale.

Ici l’Europe rappelée à l’ordre – et à ses mensonges. Il fallait bien que les Européistes hurlent à « l’ingérence ». Ils ne s’en privèrent pas. Mais où étaient leurs cris lorsque Barack Obama imposait ses vues sur les gouvernements européens ? Lorsque la NSA écoutait les conversations des dirigeants européens ? Où étaient-ils lorsque Joe Biden conditionnait l’aide militaire, la politique énergétique et même les régulations numériques des pays de l’Union ? L’indignation est sélective : elle n’apparaît que lorsque Washington cesse d’être globaliste. Les Européistes défendront leur religion jusqu’à son dernier souffle.

Car l’analyse que fait ce texte « NSS » sur l’Europe est d’une sévérité inédite, mais d’une lucidité parfaite. Il décrit un continent : désarmé psychologiquement, ravagé par l’immigration de masse, bâillonné par une idéologie normative, incapable de maintenir ses taux de natalité, en voie d’effacement civilisationnel. Et, encore une fois, l’écho maurrassien est clair : sans continuité historique, sans identité durable, il n’existe pas de nation vivante. Trump ne dit pas autre chose. On est très surpris que ça vienne d’une personnalité comme la sienne, mais c’est ainsi (encore que son vice-président JD Vance semble avoir un discours réactionnaire un peu plus construit qui pourrait avoir influencé l’homme à la casquette rouge).

C’est la fin de la globalisation, le retour du monde multipolaire. En effet, un autre point est essentiel : le document acte la fin du rôle américain de « gendarme du monde ». L’administration Trump ne veut plus soutenir l’ordre planétaire tel qu’il avait été pensé en 1945 ; elle souhaite que les États-Unis défendent avant tout leur propre civilisation, sans se sacrifier pour maintenir des illusions universalistes, confirmant ainsi le slogan de Trump : « America First ».

Cette acceptation du multi-polarisme constitue évidemment une excellente nouvelle. Elle reconnaît que chaque civilisation possède une logique qui lui est propre, une forme, une tradition, une langue politique.

S’agissant de la Russie et l’Ukraine, c’est une lecture fondée sur la force et la faiblesse qui est faite. Le document affirme que l’Europe est agressive envers la Russie parce qu’elle est faible et pas de taille à lui faire face. L’idée est claire : les nations solides négocient ; les nations faibles gesticulent. Quant à l’Ukraine, l’objectif américain semble évident : Trump souhaite la paix, Zelensky la refuse (actuellement il refuse de céder le moindre territoire), La guerre va donc continuer. En conclusion, on peut penser que l’aide américaine diminuera probablement. Non par sympathie pour Moscou, mais parce que l’Amérique ne veut plus soutenir indéfiniment des conflits qui n’appartiennent pas à sa priorité civilisationnelle.

Pour ce qui concerne le soutien aux mouvements souverainistes européens, c’est un séisme politique. Au-delà de l’analyse, le NSS affirme clairement que Washington souhaite soutenir les mouvements patriotiques européens, ceux qui défendent l’héritage civilisationnel du continent.

Là encore, les Européens globalistes crient à l’ingérence. Pourtant, ce soutien correspond simplement à un principe, que l’Action française défend depuis un siècle : les nations ont le droit et le devoir de s’organiser.

Si l’Europe s’effondre, dit en substance la Maison Blanche, c’est toute la civilisation occidentale qui se décompose. Et les États-Unis n’ont aucun intérêt à voir disparaître leur sœur civilisationnelle. « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable d’ici 20 ans, voire moins. Dans ces conditions, il est loin d’être certain que certains pays européens disposeront d’économies et d’armées suffisamment fortes pour rester des alliés fiables. Nombre de ces nations persistent actuellement dans cette voie. Nous souhaitons que l’Europe reste européenne, qu’elle retrouve sa confiance en elle sur le plan civilisationnel et qu’elle abandonne son approche inefficace de réglementation excessive. Ce manque de confiance en soi est particulièrement manifeste dans la relation de l’Europe avec la Russie. (…) »

Un renversement des lignes idéologiques est possible… Le diagnostic posé dans le récent ouvrage de Mathieu Bock-Côté, Les Deux Occidents, trouve ici une résonance nouvelle. Oui, écrit-il, l’Occident est aujourd’hui divisé : une Amérique conservatrice, une Europe post-nationale, progressiste, idéologiquement épuisée. Mais qu’en sera-t-il dans un an, avec les élections de mi-mandat aux États-Unis ? Les Américains sont-ils vraiment tous devenus maurrassiens vendredi dernier ? Ça reste à confirmer !!!!! Si maintenant on regarde l’Europe, a contrario les partis conservateurs (et/ou populistes) semblent progresser partout. Malheureusement, sans cette dimension civilisationnelle et souverainiste conseillée par Trump.

En conclusion, souhaitons que l’Europe se ressaisisse – enfin. L’histoire retiendra peut-être ce NSS comme l’un des textes fondateurs du XXIᵉ siècle. Un document qui rompt avec l’illusion mondialiste et propose un retour au réel : la civilisation, les frontières, la souveraineté, les nations. Espérons que les peuples européens sauront entendre l’avertissement venu d’outre-Atlantique. Espérons que leurs dirigeants sauront s’inspirer de cette réhabilitation du politique, du réel, de l’héritage et de la continuité historique. Et espérons, surtout, que la majorité du peuple américain confirmera cette orientation, permettant au monde occidental de renouer avec son génie propre : une civilisation consciente de sa valeur et fidèle à ses nations.

Une précision est, bien sûr, nécessaire : si ce texte est fondamental et inspirant, ça ne valide néanmoins pas la totalité de la politique trumpiste.

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