Jean Raspail est un écrivain aux facettes multiples. Il est même plus que cela : en réalité, c’est un acteur.
Il y a d’abord le Raspail explorateur et découvreur, tant des lieux que des peuples. Il y a aussi le « Patagon », réanimateur des vieux rêves d’Antoine de Tounens et régent éternel du royaume de Patagonie. Il y a encore le monarchiste (Sire), et le catholique, réconciliateur contemporain des papautés romaine et avignonnaise dans l’inoubliable Anneau du Pêcheur. Dans tous ces rôles, il a excellé, et c’est probablement le personnage du prophète qui lui a valu, tout à la fois, sa réputation sulfureuse, comme sa renommée internationale, avec le Camp des Saints, publié en 1973.
Pourtant, la force tragique de ce roman en a éclipsé un autre, tout aussi crispant pour les bonnes âmes, publié deux ans auparavant, réédité en 1983 et 1995, et difficilement trouvable depuis : Le Tam-Tam de Jonathan.
L’ouvrage est originellement constitué de quatre nouvelles. Dans la réédition de 1995, une cinquième (« Suis au cœur du combat dans Japon Païen et lubrique – Stop – Christ vaincra – Stop – Angelica ») a été ajoutée, mais qui a mon humble avis, déséquilibre davantage l’ouvrage initial qu’elle ne l’améliore. Quant aux quatre histoires d’origine, elles demeurent féroces et, d’une certaine manière, leur actualité n’a fait que se renforcer au fil des ans.
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