Crimes et châtiment… des Girondins

 

par Adègne Nova

Robespierre a fait arrêter les Girondins le 30 octobre 1793 (après leur dernier banquet ? Peut-être ou bien ceci n’est qu’une légende…).

Que dire de ces pitres qui se sont pris un temps pour des hommes politiques ? Simplement qu’ils ont été les victimes d’une révolution qu’ils avaient déclenchée Évidemment, la république s’auto-flattant généreusement (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même), elle a largement diffusé à la postérité l’image d’hommes aux sentiments humanitaires et à la sensiblerie rousseauiste, voilà pourquoi les gens se montrent souvent indulgents vis-à-vis de leur mémoire : on les a présentés « comme de naïfs rêveurs qui ne voulurent que le bien et furent au désespoir lorsqu’ils virent quels excès commettaient leurs collègues. Au vrai, ils ne blâmèrent la révolution que lorsque celle-ci les condamna. Jusque-là, les exécutions et massacres ne les avaient guère émus », écrivait L. de Gérin-Ricard dans l’AF en avril 1943.

Mais, une question se pose. N’importe qui a-t-il les capacités, les connaissances, l’expérience, la mesure, la tempérance, l’aisance, la tenue, le savoir-faire qui permettent d’être un homme politique ? Chez les Girondins, on voit clairement que « leur sottise, leur incapacité, leur légèreté » suffisent à les faire juger sévèrement – bien sûr il faut pour cela être objectif et non imbibé d’idéologie qui transforme la réalité. Vous me direz, depuis ce temps-là les hommes politiques ont appris à exercer leur métier… Non, non, non !

Regardez « Daladier et les siens en 1939 », indique Gérin-Ricard, comme les Girondins « ils jouaient aux hommes d’État ! Et le passage au gouvernement de ces étourdis prétentieux et insouciants jusqu’au cynisme fut un désastre pour la France ».

Et aujourd’hui alors ? Eh bien aujourd’hui nos gens politiques sont très fiers d’être là où ils sont « par la volonté de la nation, ivres des nouvelles jouissances du pouvoir », sûrs d’eux, ils se « croient sublimes alors qu’ils ne sont que grossiers. Pédants, démagogues pénétrés de leur importance » – il suffit de les voir quand ils prennent la paroles dans l’hémicycle –, tous nos politiciens actuels « ignorent tout des affaires de l’État, ils ne connaissent pas même les lois de la politesse et ne savent point vivre », ils traitent tous ceux qui ne sont pas eux avec condescendance – ou, dans le meilleur des cas, avec fausse bienveillance –, « la République c’est moi », a dit un certain Jean-Luc, ils se rendent à l’Assemblée vêtus de t-shirt ou de robes à fleurs – n’oublions pas que nous vivons l’époque du « Venez comme vous êtes » – et « accomplissant de telles sottises, ils se jugent sublimes ». Parmi eux, des bellicistes qui veulent la guerre à des milliers de kilomètres de chez eux pour faire oublier aux Français le chaos qu’ils ont généré dans l’Hexagone ; le sang versé des petits Français, ils s’en tapent habitués qu’ils sont à le voir couler sous les couteaux acérés de barbares qui égorgent plus vite que leur ombre. Tous les guillemets de ce paragraphe ceignent des passages de l’article de Gérin-Ricard traitant des Girondins, ainsi donc depuis 1793 les républicains sont-ils toujours les mêmes pitres imbus de leur petite personne.

Je terminerai ici avec un court passage du Que sais-je ? sur la Révolution française co-écrit par Frédéric Bluche, Stéphane Rials et Jean Tulard en 1989 : « La Gironde est morte de ses incohérences ; d’avoir voulu la guerre sans savoir comment la conduire ; d’avoir combattu Louis XVI par tous les moyens, pour hésiter ensuite à le sauver ; d’avoir aggravé la crise économique sans accepter (par libéralisme) les moyens d’y remédier ; d’avoir, enfin, mais trop tard, voulu freiner une dynamique révolutionnaire dont elle avait longtemps été l’accélérateur ». L’incohérence des hommes politiques actuels est la même que celle des Girondins, quelle sera leur fin ?

(Illustration : Le dernier banquet des Girondins d’Henri Félix Philippoteaux (19e) – Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Lô

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