De la souveraineté…

Un vingtième texte de notre rubrique « Souvenez-vous de nos doctrines » est à retrouver aujourd’hui, de Pierre Boutang, extrait de Reprendre le pouvoir, paru en 1978.

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[Avant de parler de pouvoir, il faut parler de souveraineté, car] le pouvoir est dérivé à tous égards, en expérience et dans le langage (…) Ce qui naît, c’est un enfant pas un homme (…) La déclaration des droits, elle, faisait naître des hommes au présent éternel ; on sait comment ses dévots traitèrent ceux qu’ils avaient sous la main (et les traitent encore). L’enfant naît, dépend, reçoit. Le verbe pouvoir, quand il s’essaie à l’employer, ce n’est pas pour mesurer ou démesurer ses forces, c’est pour questionner sur un droit, obtenir une permission, sur ce qu’il peut, en fait, hors du regard, il n’interroge pas, il veut, exécute. Souvent, en retour, « tiens, je pourrais ». Et, plus tard, rebelle, « je peux bien » (avec parfois « tout de même »), ce qui prépare le « je suis bien libre, après tout » de l’adolescence en franche révolte. Le phénomène premier, c’est qu’il y a quelqu’un, une souveraineté que j’interroge, afin de pouvoir ou pour savoir si je peux (…).

Ces adultes pourtant, en leur « gloire » imitable et participable, l’enfant ne les nomme pas des maîtres, apprend pour eux des noms plus tendres ; pas des « puissants » non plus (…) Voilà décrit, selon une dimension et un regard d’enfant, le phénomène de la souveraineté ; le regard de l’enfant est tourné vers une hauteur « souveraine », le passage de l’imitation au recours et la découverte d’un autre « en dessus » sont les données premières de l’expérience politique.

Je reste fidèle à l’intuition qui domine la Politique (publiée en 1947), celle de la naissance, c’est-à-dire le paradoxe d’une liaison absolue à la contingence même, comme fondement de la société humaine. Et, par ailleurs, l’ordre des propositions presque axiomatiques énuméré dans mon Court traité d’il y a 20 ans ne me semble pas modifiable, si la formulation est différente et si leur illustration empirique, c’est-à-dire dans l’actualité politique s’est, évidemment, déplacée.

Voici donc cet ordre : 1. que la souveraineté existe. 2. qu’elle est au centre d’une lutte, vulgairement dite « lutte pour le pouvoir », mais n’est pas l’enjeu de cette lutte, dont la nature commande le déroulement. 3. elle est nécessaire, d’un type de nécessité d’essence, non comme effet de volonté ni de hasard, mais comme égale à la part de nature humaine qui instaure et délimité le politique. 4. elle est naturellement limitée : par cette nature politique et par le monde dans quoi elle se projette. 5. elle est extérieure, ou « transcendante » à la société (ne coïncidant jamais avec elle, et, dans le temps, à la fois en retard et en avance sur elle). 6. elle est légitime, quand elle existe, et là où elle n’est pas légitime, elle ruine sa propre essence et il n’y a plus ni souverain ni sujet. 7. elle est un projet temporel autant que la propriété d’un domaine et qu’une figure dans l’espace, et précisément le projet d’unité et de continuité de ce domaine en toute sa durée.

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To glance at your wrist, rather than unlock a portal to infinite distractions, is to reclaim a moment of focus. It is an act of mindfulness. The ritual of winding a manual watch each morning becomes a grounding pause, a personal connection to the mechanism that will measure your day.

It represents a commitment to being present, to valuing the qualitative experience of time over its quantitative, frantic measurement.

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