Aujourd’hui, un sixième conte populaire inspiré de Boris, Marcel et autre Harold…
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par Philippe Lallement
Il était une fois, à l’Élysée, un Président trop sûr de lui. Chaque jour, dans son confortable fauteuil, il décidait du destin de la France. Ce matin-là, il recevait la lettre d’un inconnu. Un ancien Lyonnais, du surnom de Vlad, installé sur l’isle Bourbon (comprendre l’île de La Réunion…), il en avait assez de voir son pays risquer de s’embarquer dans une guerre lointaine, sans raison apparente. Il avait un message à faire passer, un message qu’il espérait faire entendre au Président de cette Ve République, qu’il voyait comme un syndicat de copains et de coquins…
« Monsieur le Président, je vous écris ce matin,
Royaliste, je n’ai rien à perdre, plus rien à vous cacher.
Je n’ai rien contre l’armée, je l’ai toujours aimée,
Mais il y a des guerres qui n’ont aucun sens pour nous Français.
Je vois sur les cartes, ce conflit au loin,
Et je me demande pourquoi faudrait-il qu’on y soit.
Nous avons tant de problèmes migratoires et sécuritaires chez nous à régler,
Alors pourquoi risquer la vie de nos soldats pour des causes étrangères et l’intérêt de l’Europe des technocrates. »
Le Président se figea en lisant ces mots, son visage s’assombrit sous l’éclat des néons de l’Élysée. Il avait l’habitude des géopoliticiens de comptoirs, des youtubeurscreux mais jamais on ne lui avait adressé de tels reproches. Cet inconnu au relent nationaliste osait remettre en cause l’honneur de la République ! Mais le voyageur ne s’arrêta pas là. Il continua de gratter sa plume, son stylo pleurant l’encre noire sur le papier.
« Monsieur le Président,
Vous nous saoulez de démocratie et de tolérance,
Mais l’honneur d’un soldat de France, n’est-ce pas d’abord de revenir au soir ?
De protéger ses enfants, de défendre sa terre,
De n’être pas l’esclave d’une politique qui n’est même pas nationale ? »
Le Président prit une profonde inspiration. Son doigt tremblait. Puis, il posa la lettre sur le côté, en se disant que, décidément, les voix du pays réel se faisaient de plus en plus bruyantes. Mais il avait son agenda républicain à suivre, les alliances franc-maçonnes à maintenir, les engagements mondialistes à honorer. Après tout, il était le gardien de la République… Il se leva à la façon des commandos parachutistes de l’air, ce fameux CPA10 dont il portait le polo, comme pour se convaincre que tout allait bien. Mais le père Vlad, depuis son territoire d’outre-mer, ne se laissait pas abattre. Il savait que ses paroles avaient frappé juste, comme au temps où il claquait du gauchiste aux côtés de Jean-Christophe, il savait qu’elles faisaient écho aux doutes qui se faufilaient dans le cœur des meilleurs. Pourtant, le lendemain, Vlad reçut une réponse.
« Cher Monsieur Vlad, je vous remercie de votre lettre,
Mais sachez que le devoir de la République dépasse vos petites préoccupations patriotes.
La guerre est une question complexe, il faut savoir jouer avec sa peur,
Et parfois, il faut savoir sacrifier pour un avenir démocratique plus grand.
Que serait la République sans son armée, même sans munitions ?
Que serait l’Europe sans ses héros démocrates ?
Nous devons agir, même si la cause vous échappe. »
Le Président relut sa réponse. Il avait fait son devoir démocratique. Mais Vlad, lui, n’était pas dupe. Il savait qu’on ne pouvait pas sauver l’honneur d’une nation à coups de bombardements inutiles, comme en Serbie. Il avait compris quelque chose qu’un président de la République n’avait sans doute jamais pris en compte : c’est dans la paix, et non dans la guerre, que se construisent les vraies victoires.


