Comment définir la diplomatie de Macron ? C’est essentiellement et, pour ainsi dire, uniquement un discours. Sans aucun effet tangible. Discours où les intérêts de la France ne sont jamais concernés, pas même évoqués. De vastes considérations planétaires suivies d’une série d’impératifs catégoriques dont l’obligation morale ne s’appuie sur aucune réalité contraignante et ne vise qu’un idéal sans portée immédiate, comme une vue de l’esprit qui s’imposerait d’elle-même. Bref, un univers à la Kant, celui de la paix perpétuelle, dont il avait fait dans son discours au forum de Davos en 2018 – qui s’en souvient ?
Le boutefeu, prédicateur de paix incendiaires
Par Hilaire de Crémiers – Publié le 30 septembre 2025
Comment définir la diplomatie de Macron ? C’est essentiellement et, pour ainsi dire, uniquement un discours. Sans aucun effet tangible. Discours où les intérêts de la France ne sont jamais concernés, pas même évoqués. De vastes considérations planétaires suivies d’une série d’impératifs catégoriques dont l’obligation morale ne s’appuie sur aucune réalité contraignante et ne vise qu’un idéal sans portée immédiate, comme une vue de l’esprit qui s’imposerait d’elle-même. Bref, un univers à la Kant, celui de la paix perpétuelle, dont il avait fait dans son discours au forum de Davos en 2018 – qui s’en souvient ?
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Il est toujours sur le site de l’Élysée – le modèle de toute sa politique présente et future, lui qui venait de triompher en France de l’hydre nationaliste et qui se proposait de la poursuivre de sa même vindicte purificatrice partout en Europe et sur tous les continents, avec la même audace victorieuse pour en purger la terre. Tel un nouvel Hercule accomplissant ses travaux sous les yeux éblouis de la classe mondialisée qui l’avait choisi, vraiment élu – et par quels procédés ! –, dont il était adoré au point que ce fils de Jupiter se hissait au rang de Jupiter lui-même, sans hésitation et sans vergogne aucune, sûr de son droit souverain non seulement sur cette France misérable et devenue presque nauséabonde qui était le théâtre, heureusement, de son premier exploit et ainsi sauvée de justesse, mais encore sur l’Europe entière qui l’attendait et pour qui il était destiné, et bientôt sur le monde qu’il désignait comme le champ futur de son action salvatrice. Ce discours grandiloquent est à relire ; il fut décortiqué à l’époque dans ces colonnes : tout y est ; c’est un résumé de la pensée macronienne, de sa religion – car c’en est une – qui tourne autour de lui-même et où il s’attribue avec la simplicité d’une parole généreuse un rôle messianique, une mission de compassion universelle dont l’exigence est contenue dans sa prédication. Ceux qui ont lu Soloviev et Benson reconnaîtront les signes distinctifs de celui qui se croit et se veut le Maître de la terre et qui fait de sa personne la figure d’un nouveau Christ, meilleur que celui qui a prétendu régner jadis, infiniment meilleur, car Lui dissout le Mal par sa parole et son seul aspect. Et le Mal, c’est la contrainte. Et la première de toutes, c’est la réalité. Dissoudre la réalité par le verbe, c’est proprement l’œuvre de Macron.
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