Pendant la crise de régime française, la Commission européenne en profite pour avancer sur son calendrier libre-échangiste : si la France a, jusqu’à une période récente, dénoncé l’accord avec le Mercosur (constitué de cinq pays d’Amérique latine, un sixième – le Venezuela – étant suspendu depuis 2016), celui-ci est sur le point d’être ratifié par la plupart des pays de l’UE et imposé à ceux qui continueraient à ne pas en vouloir. La protestation des agriculteurs français, à travers leurs principales organisations syndicales, semble bien impuissante à enrayer cette marche en avant dont les conséquences seront terribles, autant pour les producteurs eux-mêmes que pour l’environnement (en particulier pour la forêt d’Amazonie, désormais condamnée à une disparition programmée « au nom du Développement » du Brésil et de ses voisins). Pourtant, cette protestation est tout à fait légitime et il n’est pas encore trop tard pour soutenir la résistance à ce traité : le pire serait de céder, une fois de plus, à un libre-échange qui, sans limites et sans mesure (1), s’avère en définitive bien plus antisocial pour les producteurs de base eux-mêmes que pour les grandes sociétés transnationales, leurs distributeurs et leurs actionnaires, toujours à la recherche d’un gain immédiat parfois tout autant qu’immoral.


