Par Stéphane Blanchonnet
Jacques Terpant n’est peut-être pas un inconnu pour certains de nos lecteurs.
Ce grand nom de la bande dessinée a, en effet, consacré par le passé des albums à Louis-Ferdinand Céline ou à des adaptations de Giono, La Varende et Jean Raspail ! Je ne peux d’ailleurs que recommander vivement l’acquisition de ces œuvres à ceux qui ne les possèderaient pas encore.
Mais la dernière création de Jacques Terpant possède davantage encore d’atouts pour nous plaire que les précédentes. D’abord, c’est la dernière puisque l’auteur a annoncé qu’il faisait avec cet album ses adieux à la bande dessinée. Ensuite, parce que Ce qu’il reste de nous — c’est le (très beau) titre — est une bande dessinée « identitaire » dans le sens le plus noble, le plus fort, le moins anecdotique du terme.
Terpant y raconte à travers des épisodes significatifs d’un moment de la grande Histoire, parfois séparés par des siècles et dont l’action s’étend sur un millénaire, l’histoire plus modeste mais tellement belle et touchante de sa famille, de son clan, de son village du Dauphiné.
Toute une fresque de cette France profonde et immuable, rurale, paysanne, âpre, courageuse, se dessine et s’anime pour nous, manifestant le désir de l’auteur de la voir survivre aux périls de l’heure (qui sont si nombreux !) et, pourquoi pas, se transmettre et durer encore à l’avenir.
J’ajoute pour finir quelques mots sur la beauté de l’album qui vous frappe dès la première de couverture représentant l’auteur lui-même devant sa vieille maison de famille, au milieu d’un champ, avec en arrière-plan les reliefs caractéristiques de cette région d’Hostun, au pied du Vercors. Le dessin, la colorisation, la composition, tout dans cette bande dessinée procure un plaisir esthétique et une forme d’apaisement pour l’esprit.