You are currently viewing Le socialisme national français, ou la tentative avortée d’un fascisme de gauche

Le socialisme national français, ou la tentative avortée d’un fascisme de gauche

En 1914, l’Europe s’apprête à vivre l’un des bouleversements majeurs de son histoire. Cette conflagration planétaire va entraîner des bouleversements géopolitiques durables, mais aussi une refonte complète des équilibres politiques. En France, la mise en place de l’Union sacrée va favoriser l’apparition d’une gauche patriotique et nationale autour d’une personnalité au profil révolutionnaire : Gustave Hervé.

Au cœur du socialisme révolutionnaire

En 1899, jeune enseignant à Sens, Gustave Hervé collabore au journal Le Travailleur socialiste de l’Yonne. Il s’y distingue par de virulents articles antimilitaristes qui lui valent d’être radié de l’enseignement public. Il milite conjointement au sein du Parti socialiste de France, qui regroupe les marxistes et les héritiers des blanquistes, et à la CGT. En 1904, il prend la tête des Fédérations socialistes révolutionnaires autonomes et, c’est à ce titre que l’année suivante, il est l’un des cinq signataires validant la constitution de la SFIO, placée sous la direction de Jean Jaurès. 

Membre de l’aile socialiste-révolutionnaire du nouveau parti unifié, Hervé se spécialise dans la dénonciation du militarisme, du colonialisme et du patriotisme. L’outrance de ses propos lui vaudra plusieurs condamnations à de la prison ferme. 

En 1906, il lance l’hebdomadaire La Guerre sociale, qui devient quotidien en 1913. Avec un tirage de près de 60 000 exemplaires, face aux 100 000 de L’Humanité, qui incarne alors la presse socialiste réformiste, le journal de Gustave Hervé dispose d’une influence certaine sur la gauche française. Se faisant le porte-parole des socialistes-révolutionnaires, des anarcho-communistes et des syndicalistes-révolutionnaires contre les « votards » de la gauche réformiste, La Guerre sociale défend l’idée de la conquête de l’état par la grève générale et insurrectionnelle. Hervé est alors le chef de file de l’aile gauche de la SFIO, baptisée « Fraction insurrectionnaliste ». 

La suite