L’internationale réactionnaire
Par Philippe Germain
À l’occasion de la Conférence des Ambassadeurs du 6 janvier 2025, le président de la République Emmanuel Macron a désigné l’ennemi du progressisme entré en déclin, en vulgarisant l’expression « internationale des réactionnaires ». Citons cet observateur privilégié : « on n’ose plus quasiment défendre l’État de droit, la démocratie, ce ne serait plus à la mode, et il y a une espèce de fascination mortifère pour l’international des réactionnaires. Alors, ils sont très forts, ils ont de l’argent, et il y a une espèce, en effet, d’accélération réactionnaire… » Si le président en bon républicain gouverne mal, en revanche il parle d’or car en peu de mots il passe trois idées forces sur l’actuel basculement dans l’époque post-progressiste.
D’abord, il constate que dans l’opinion publique il n’est plus à la mode de défendre l’État de droit, c’est-à-dire l’institution politique de la démocratie faible, qui par ses juges et ses experts écarte le citoyen de la politique. Ce sentiment de rejet marque une évolution significative des mentalités malgré l’aliénation scolaire et médiatique des Français, mise en place depuis la IIIe République. Si on continue de s’afficher démocrate, la croyance aux « valeurs de la République » est morte.
Ensuite, ce sentiment de rejet du culte démocratique s’accompagne d’une fascination pour l’internationale des réactionnaires. Oui réactionnaires car la roue de l’histoire ne se contente plus de tourner dans le sens du conservatisme mais va au-delà. Effectivement, si la grande affaire des progressistes est de faire des erreurs, la grande affaire des conservateurs est d’empêcher de les corriger ; or, les corrections s’avèrent indispensables. Il faut donc réagir. Il faut passer à la restauration, à la contre-révolution. D’où des discours d’appel à des pouvoirs forts, voire autocratiques, justifiés au titre du « c’était mieux avant ».
Enfin, avec la double évolution des mentalités, nous assistons à une accélération réactionnaire, mais dans les faits cette fois, par extension géographique. Citons la Hongrie, l’Inde, la Russie, l’Italie, Israël, l’Argentine, le Salvador, les États-Unis et pourquoi pas la Chine dont les trois États (continental, Singapour et Taiwan) se réclament du confucianisme. La mise en place informelle de l’internationale réactionnaire est donc géographiquement hétérogène. Elle relativise l’approche géopolitique trop facilement binaire. Elle met fin aux concepts trop simplistes « d’Occident » alliant l’Amérique à l’Europe mais aussi à celui à de « Sud global » constitué de « the Rest ». Une chose est certaine, la prolifération géographique, de l’internationale réactionnaire prouve la réalité du basculement dans l’Âge post-progressiste. Cette accélération est loin d’être finie si l’on pense aux récentes revendications sur le Donbass, le Groenland, le Canada, le Panama, Taïwan, le Cachemire…
Mais cette internationale réactionnaire, géographiquement hétérogène mais en forte extension, trouve-t-elle son pendant sous la forme d’un pôle idéologique ? Et, si oui, comment celui-ci se positionne-t-il par rapport au compromis européisme/islamisme ?
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