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Sylvain Roussillon : La guerre dans la guerre : barbouzes contre OAS

Depuis le film éponyme de Georges Lautner, ou la chanson des Frères Jacques, tous les deux sortis en 1964, le terme « barbouze » revêt une connotation légère et humoristique. Dérivé de l’argot signifiant « barbe », il finit par désigner, dans les années 60, des agents sinon secrets, du moins discrets… Quant à la réalité de cette police parallèle, elle ne prête pas à sourire, loin de là. Le 11 février 1961, la création de l’Organisation armée secrète (OAS) par les rescapés de la « semaine des barricades », dans le contexte du Référendum sur l’autodétermination de l’Algérie qui, en janvier 1961 ouvre la porte à l’indépendance de l’Algérie, engendre une modification considérable de la nature même du conflit algérien. Désormais, la scène insurrectionnelle ne se résume plus à une lutte entre, d’un côté, une armée régulière et un gouvernement légal, et de l’autre, une guérilla et un front de libération doublé d’un gouvernement provisoire. La naissance d’un nouveau belligérant armé, loyaliste de l’Algérie française, contraint le pouvoir gaulliste à inventer une stratégie nouvelle.

La nouvelle stratégie de l’Etat

L’ouverture de ce troisième front est d’autant plus préoccupante, pour le gouvernement légal de la République française, que le putsch d’Alger du 21 avril 1961, vient paradoxalement renforcer l’OAS. En effet, si les généraux Challe, Zeller, Jouhaud et Salan sont défaits dans leur tentative de coup d’état contre De Gaulle, cet échec offre à l’organisation armée une importante main d’œuvre militaire, issue notamment des régiments dissouts, mais aussi décuple ses réseaux en Métropole. L’OAS n’est alors plus seulement la force armée clandestine des Pieds-noirs. Elle devient la base arrière des militaires refusant la défaite et l’outil de combat de la minorité qui, en France métropolitaine, refuse l’abandon de l’Algérie française. De surcroit, les sympathies d’une partie non négligeable de l’armée en faveur, sinon de l’OAS, du moins de l’Algérie française, contraignent le pouvoir à n’utiliser ses ressources de renseignement et d’action (DST, Sécurité militaire et SDECE) qu’avec prudence et parcimonie.

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