Le 30 janvier 1933, Monseigneur le Duc de Guise, sachant mieux que quiconque les causes du mal dont souffrent les Français, lance un manifeste où tout est dit sans détour, avec une netteté et une force bien dignes de l’héritier de ceux qui firent la France. Les efforts désespérés d’une presse asservie et d’un gouvernement affolé ne peuvent empêcher la diffusion ni le succès des paroles royales auprès des Français de toutes conditions.
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par le Duc de Guise
Français,
Un pénible débat, qui passionne et divise la France, risquerait de dresser les uns contre les autres tous les éléments du pays. Cependant, l’instinct national ne s’y est pas trompé, il a vu d’où venait le mal : la faute est à l’État qui ne fait rien de ce qu’il vous doit et qui vous prend tout ce que vous avez.
En 1933, les Français travaillent un jour sur trois au profit du fisc [un article de presse de 2015 indique que les Français commencent à travailler pour eux, sur une année, à partir du 29 juillet], mais l’État, qui avait 10 ministres en 1880, en a 29 aujourd’hui [et, en 2025, on ne parle même pas du nombre de conseillers présents dans les cabinets ministériels… 324 en 2019 à 570 en 2021].
Les besoins d’argent que l’État s’est créés le portent à mettre les mains sur toutes les forces encore libres de l’activité nationale, à fonder des offices nouveaux, à préparer d’autres monopoles, à confisquer les héritages. Ses concessions périlleuses à l’étatisme international l’amènent à sacrifier nos agriculteurs, nos industriels, nos commerçants et à subir de honteux rabais sur la défense du pays.
Ainsi arrive-t-on au socialisme dont la tyrannie apporte la ruine et la mainmise de l’étranger.
Pareille chute était-elle inévitable ? Non.
Le pays est bon, laborieux, économe. Sans cette politique funeste, il résisterait mieux que tout autre à la crise économique dont souffre l’univers.
Il faut que vous sachiez ce que l’on vous dissimule avec soin :
Anciens combattants, pensionnés, fonctionnaires, satisfaction pourrait être donnée à vos justes revendications et vous, contribuables, vos feuilles d’impôts pourraient être réduites dans des proportions énormes ; cela sans recourir à des emprunts socialistes qui feraient l’inflation et la vie chère.
Il suffirait que l’État restituât à l’initiative privée, réorganisée sous sa surveillance, avec un scrupuleux respect de tous les droits acquis, des services tels que : une bonne part de l’enseignement, les assurances sociales, les chemins de fer, les téléphones sans parler des allumettes, des tabacs et de tant d’affaires qu’il gère mal et qui ne le regardent en rien.
Ces services, libérés, fonctionneraient mieux, donneraient un rendement supérieur.
La tâche de l’État ne consisterait plus qu’à veiller, à moins de frais, sur les points nécessaires, notamment au maintien d’une saine concurrence, condition de progrès, et à la nationalité des capitaux engagés.
Rassurés par la présence d’une État honnête homme, d’un État national, les disponibilités de l’épargne, qui existent, mais se cachent, reparaîtraient pour financer, entre autres, ces entreprises que l’État, ses gaspillages, ses routines, font péricliter.
Français,
Qu’est-ce qui s’oppose à ce retour d’activité prospère ?
Uniquement le règne des partis, le régime électif sur lequel est fondé l’État républicain et, derrière ses factions, la finance internationale qui les subventionne et les manœuvre à son profit.
En 62 ans [depuis les débuts de la IIIe République], malgré l’effort d’esprits souvent distingués et dont les intentions furent droites, ce régime a complètement montré son impuissance.
À cette heure critique, pour une opération chirurgicale telle que la séparation de l’étatisme de l’État, un pouvoir fort s’impose, mais celui d’une monarchie, non celui des partis, non celui d’un élu des partis, où se retrouverait toute la corruption du parlementarisme avec le despotisme en plus, et qui donnerait vite un nouveau tour de vis à la vieille machine de la centralisation qui vous asservit et vous dépouille.
La monarchie n’est pas un parti. Elle ne naît pas des querelles électorales.
Tempérée par le ses traditionnel de l’intérêt public et le souci dynastique de l’avenir, son autorité peut s’appuyer sur des assemblées représentant les grands intérêts agricoles, industriels et commerciaux, délivrer le suffrage universel de ses corrupteurs, simplifier les rouages et les formalités des administrations, apporter, en un mot, les nouveautés et les changements nécessaires.
Elle seule peut en finir avec le système de confusion où tout le monde s’étant mêlé à tort et à travers des affaires de l’État, l’État s’est pareillement mêlé des affaires de tout le monde.
Je représente les principes qui rendront à l’État la plénitude de l’impartialité, de l’indépendance et de la stabilité.
Français,
Ou l’autorité et les libertés de la monarchie, ou l’oppression de l’anarchie socialiste.
Ces grandes vérités politiques ne dépendent ni de vous ni de moi.
Lorsque j’en ai reçu la garde, avec la vie, pour les transmettre intactes à mon fils, j’ai hérité aussi du devoir de les rappeler à la nation française et, s’il plaît à Dieu, quand il le faudra, je les appliquerai au gouvernement du pays, en utilisant le concours des Français de toute origine et de toute condition, librement organisés et représentés.
D’un sang qui sert la France depuis plus de mille ans, le petit-fils de saint Louis et d’Henri IV est prêt à reprendre avec vous la grande œuvre de conservation et de progrès que désirent du fond de l’âme tous les patriotes et les gens de bien.
En exil, le 30 janvier 1933.
Jean,
Duc de Guise