L’idéologie « islamiste »
Par Philippe Germain
La plus ancienne idéologie alternative à l’américano-libéralisme de la pensée dominante est « l’islamisme ». Son élaboration par la Confrérie des Frères Musulmans en 1928, fut une réaction religieuse à la colonisation culturelle anglo-saxonne en Égypte. L’idéal du musulman restait la force, à l’image du Dieu maitre du Bien et du Mal auquel se soumettre. La foi coranique devint un système normatif complet destiné à irriguer toutes les activités humaines. Cette approche culturelle, très identitaire, visa la famille, l’éducation, l’organisation caritative, le syndicat, l’armée, la législation. Elle fut complétée par un principe théocratique et la Confrérie réclama une république califale, dont le président élu à vie serait son guide suprême Hassan al-Banna. Son successeur Sayyid Qutb réhabilita le Djihad comme guerre sainte pour réformer les mœurs.
Puis, en 1979, avec l’iman Khomeiny, l’islamisme s’incarna dans un État national. La République islamique d’Iran, une théocratie chiite en quête d’hégémonie du « continentintermédiaire » brisa l’ambition du Shah de moderniser la Perse en piétinant les traditions religieuses et les mœurs de son peuple. Les femmes fournirent à Khomeiny le levier permettant de soulever l’Islam. Refusant la « libération », elles revenaient dans la cellule familiale, à la stricte observance des rites et des lois. La charia leur imposait un statut juridique leur assurant, du moment qu’elles étaient mères, la tâche d’assurer la pérennité de la famille et de ses traditions. Ce qui leur conférait plus de pouvoir dans la pratique, qu’à la lecture des textes. Plus religieuses que les hommes, profondément pudiques, les spectacles télévisés les horrifiaient. Nudité et utilisation commerciale les remplissaient de honte et de mépris. Elles voulaient protéger leurs enfants de la morale des roumis. Le voile devint le signe de l’obéissance à la charia. En soumettant l’Iran au fondamentalisme coranique, Khomeiny rappela que le Coran contenait plus de versets sociaux que de dévotion. Il ne disait pas que tout est religieux mais que tout est politique et que les réponses sont dans le Coran. Cet islamisme politique s’offrit le luxe d’humilier les États-Unis (1979) puis, grâce aux Afghans, de remporter l’unique succès contre l’Armée rouge (1989). Après l’humiliation de 1948, 56, 67 et 73 contre Israël, l’islamisme permit à la « religion des déshérités » de redresser la tête. Pour sa renaissance, la destruction de l’État juif impie redevint un devoir sacré.
Grâce aux succès de l’iman Khomeiny, l’islam retrouvait l’élan conquérant cassé par les victoires chrétiennes à Lépante puis devant Vienne. En 2001, l’attentat du World Trade Center par le djihadiste saoudien Ben Laden propulsa « l’islamisme radical » des salafistes. L’antisémitisme islamisé sur la clé du « sionisme international » devient exterminateur au titre de la guerre sainte. Le Djihad nouveau repose sur la violence consubstantielle à l’islam, hybridée avec la modernisation technologique. L’islamisme radical intériorise la fibre victimaire sur le schéma : persécutés, les musulmans basculent légitimement dans le terrorisme où la mort en martyre-kamikaze ouvre la porte du paradis. L’islamisme radical n’est pas universaliste mais impérialiste, à partir du califat rétabli. Celui de l’éphémère État islamique, dit Daesh, a eu le temps de rétablir l’assujettissement avec le statut de dhimmi de 2014 à 2019.
Avec ses métamorphoses iranienne et saoudienne, l’islamisme d’origine égyptienne propose aujourd’hui un système cohérent de valeurs constituant une alternative à l’idéologie démocratico-libérale, encore hégémonique en France où sa langue de bois reste une obligation même si elle ne suscite plus de vraie conviction.
Alors quel accueil trouve l’idéologie islamiste dans une France bloquée par le système républicain, au moment où l’islamisme vient de prendre le pouvoir politique en Afghanistan et en Syrie ? C’est ce que nous verronsprochainement en utilisant la science politique maurrassienne pour rechercher les conditions de la prospérité de l’État français.
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