Par Rodolf Hertig
Je discutais avec un abbé il y a quelque temps qui me disait de lire le Catéchisme de l’Église catholique, petit ouvrage de six cent cinquante-sept pages écrites en taille de police huit ou neuf. Sacré pavé ! Je lui fais la remarque suivante : « Monsieur l’Abbé, d’un côté vous me dites de lire cet ouvrage excessivement normatif et, d’un autre, c’est la croix et la bannière pour se confesser dans cette paroisse. C’est quand même étonnant… ».
Il m’indique alors que si je veux me confesser il suffit que je sollicite un prêtre, que je prenne rendez-vous et que je me rende au confessionnal.
« Il suffit… »… Je me souviens alors de mon enfance, du temps où il « suffisait » de se présenter le samedi après-midi devant le prêtre pour que tout se règle, naturellement. Un peu comme lorsque l’on emprunte les escaliers automatiques d’ailleurs : on s’installe, ça monte, on est en haut, aucun effort n’a été fourni ! Alors je m’exclame : « Mais, Monsieur l’Abbé, vous nous assoiffez ! » Là, l’abbé me sourit, il rit même puis… rien.
Quelle conclusion tirer de cet échange ?
Nous Français – mais je pense que cette remarque concerne largement l’Europe de l’Ouest en fait –, avons toujours eu cette chance de tout recevoir de l’Église, et ce depuis plus d’une dizaine de siècles. Aujourd’hui, car les peuples s’en écartent, elle réagit en réduisant ses dons, un peu à l’instar d’un enfant capricieux, je vous l’accorde, mais finalement de façon assez pertinente au sens des Évangiles.
L’idée est simple : si vous voulez que les églises restent ouvertes alors il faut retourner à la messe ! Le pape est un jésuite, ne l’oublions pas, et les religieux de cet ordre ne comptent pas parmi les idiots de la terre ! Il y a donc bien une stratégie ici. Nous sommes assoiffés à dessein.
De même, nous critiquons le pape pour ses propos au sujet des migrants – l’un des griefs que nous avons contre lui –, puisqu’ils sont là, fondamentalement, quels effets ont-ils sur nous, sur les autochtones ? Ils nous forcent à nous retrouver nous-mêmes ! D’une part, en tant qu’individus car nous sommes confrontés à une altérité qui nous est devenue étrangère depuis bien longtemps, trop habitués que nous sommes à notre civisme et à notre confort et, d’autre part, en tant que peuple car ils nous poussent à nous questionner sur ce qu’est la France, ce qu’elle représente.
En somme, cette stratégie a de beaux effets : elle force l’atavisme civilisationnel, les réminiscences de nos passés. On peut discuter du prix que cela nous coûte, mais ce n’est pas ici le sujet – bien que je ne le minimise pas. Force est de constater qu’elle a au moins cet effet. Aujourd’hui, la chrétienté en Occident, dans sa globalité, se trouve revitalisée autant par l’insuffisance intérieure que par la submersion extérieure. Nous voilà forcés de nous relever, de reprendre nos croix et nos bannières. Voilà l’électrochoc, voilà le Pape François, volontairement ou non… Voilà son action.