Par Rodolf Hertig
Imaginez… vous êtes dans une grande pièce, sur votre « trentain » et… personne ne vous remarque. Non, personne ne vous remarque car vos pas ne s’entendent pas ! Vous avez beau vouloir ce regard d’estime, de vos collègues de vos amis, rien n’y fait. Vous devez faire de grands gestes, interpeler,pour être remarqué…
Navré, confus, triste, vous cessez alors de vous bien vêtir. Àquoi bon finalement, d’aucun se fiche de votre esthétique… de vos efforts, de votre investissement sur votre image.
Alors, vous mettez un pantalon cargo, un tee-shirt. Ça y est. Vous voilà neutralisé. Insignifiant comme tous ceux que vous croisez et dont vous voulez vous démarquer. Vous voilà rouage interchangeable au lieu d’être personnage remarquable… Quelle tristesse vous dites-vous.
Si seulement il existait une façon d’exister au-delà de sa simple utilité… Le temps passant, malgré vous, vous finissez par ne vous penser qu’en homme-utile, en homme-machine. Vous voilà désormais esclave des pensées utilitaristes, malgré vous… un rouage de la grande masse humaine.
Pourtant, vous avez le goût de l’élégant, du beau. Un vestige d’avant, peut-être dans votre sang, vous souffle à l’oreille que votre rôle n’est pas qu’utile… Peut-être celui d’être inspirant, excentrique, intéressant, cultivé, plaisant, à l’écoute ou amoureux. Mais rien n’y fait. Personne ne le voit. Vous sombrez alors dans la solitude et acceptez, en criant votre refus au fond de vous, ce triste sort. Vous vous laissez faire car vous avez tout essayé…
Messieurs, Mesdames, c’est bien le silence de vos pas qui vous tuent. Ce sont bien ces baskets aux semelles en plastique qui s’écrasent au sol sans fracas qui sont responsables de votre lente marche vers l’insignifiance. Il faut du bruit ! Il faut gêner ! Il faut que vos pas génèrent l’interruption, l’envie, du bruit !
Oui elles sont confortables, mais elles tuent votre âme… Bref, changez de souliers !