La République se défend bien
Par Philippe Germain
L’Action française fait-elle une fixation sur l’Outre-Mer ? A-t-elle pris le risque de se disqualifier en annonçant au début de ce mois qu’en Nouvelle-Calédonie « l’histoire nous pousse à imaginer que l’État républicain va entamer sa phase de répression» ?
Non et non… la preuve du contraire par les deux Kanak qui viennent de décéder lors d’un long échange de coups de feu avec la gendarmerie, qui depuis quatre mois en a essuyé plus de 300. Au début de ce mois nous annoncions déjà que « les mêmes causes produisant les mêmes effets, on pense, bien évidemment, à la balle perdue qui tua Machoro en 1985. Il était le chef militaire du FLNKS, malchance, malchance… » et aujourd’hui nous pensons, bien entendu, à cette autre balle perdue d’un gendarme qui fin août venait malencontreusement de tuer un de ces meneurs kanak, dont nous nous autorisons à penser qu’ils ne sont que les « proxi » de l’Empire chinois qui ne cesse de s’étendre dans le Pacifique. Pauvres marionnettes kanak…
Certes, certains sont persuadés que l’Action française fait une « fixette » à penser que l’Empire chinois travaille en sous-marin à préparer l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Bande de gros malins, c’est pourtant la conclusion d’un rapport de l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM). Intitulé « les opérations d’influence chinoise — Un moment machiavélien », qui alerte sur le jeu d’influence auquel se livre la Chine (diplomatie, militaire, éducation, réseaux sociaux…) et son appui aux divers mouvements indépendantistes opérant près des zones d’influence. La Nouvelle-Calédonie y figure en bonne place. Shanghaï est à 7 640 kilomètres de Nouméa alors que les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni ont conclu le pacte AUKUS pour contrer l’emprise chinoise dans le Pacifique, dans une logique d’affrontement des blocs qui dessert les intérêts de la France (ne serait-ce que la perte de notre contrat du siècle sur les sous-marins australiens), et ceci explique pourquoi Pékin aimerait se rapprocher à 3 000 kilomètres des côtes australiennes.
Mais revenons à notre annonce prémonitoire de presque un mois. L’Action française était-elle mieux informée pour annoncer la montée en puissance de la répression républicaine ? Certainement pas ! Elle ne disposait que de ce qu’elle trouvait dans le domaine public. Plus compétente ? Elle l’était moins, n’ayant que des vues générales sur les manœuvres de notre ennemi extérieur en Outre-Mer, l’Empire chinois. Plus intelligente ? Il faudrait pour le prétendre, une suffisance qui relèverait de la pathologie. L’Action française se contentait d’utiliser la méthode de l’empirisme organisateur et cela suffisait. Elle se souvenait de deux lois historiques dégagées par les maurrassiens. Bien entendu les mêmes causes produisent les mêmes effets et il suffisait de remonter aux événements de Nouvelle-Calédonie de 1984 ; ce que nous avons fait. Et aussi que si la République gouverne mal, elle se défend bien et, là, elle utilise les gendarmes.
Ne prenons pas à la légère la science politique maurrassienne. L’Action française est le seul mouvement à disposer d’une telle méthode d’approche scientifique de la politique. Restons humble et apprenons à l’utiliser dès que les intérêts de la France sont en jeu. C’est elle qui dès 1985 lui avait permis d’annoncer que le centre du monde se déplace, méditerranéen puis atlantique, il tendra à se déplacer sur les rives du Pacifique. Nous y sommes, merci Pierre Debray de cette analyse prospective de 1985.
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