Pendant les élections législatives et après celles-ci, la question ouvrière est passée presque inaperçue, alors même que nombre d’entreprises annonçaient fermetures d’usines en France et délocalisations, y compris de marques emblématiques…
Poulain et Saupiquet, deux noms de marques qui résonnent encore dans les mémoires françaises des générations des Trente Glorieuses, et qui sont éminemment symboliques d’une France traditionnelle alors en voie de modernisation : et pourtant ! Aujourd’hui, ces deux marques emblématiques sont en voie de disparition, condamnées à la fermeture par des directions de groupe qui pensent « international » avant « social », et espèrent dégager plus de profit immédiat pour leurs actionnaires, au détriment, donc, des salariés considérés, en définitive, comme une simple variable d’ajustement : la profitabilité (1) prévaut sur toute autre considération et, il faut le répéter, ce n’est ni bon ni juste. Les arguments déployés par la direction du groupe propriétaire de la marque Poulain, née en 1848 à Blois, sont d’une simplicité et d’un cynisme absolus : « Le groupe Carambar & Co entend conserver la marque, mais veut produire le chocolat ailleurs- sans préciser encore où – et pour moins cher. (2)» C’est donc d’une délocalisation spéculative dont il s’agit, et qui garde la marque française comme argument (rassurant) de vente mais se débarrasse des travailleurs comme d’un papier d’emballage gênant, sans respect ni pour eux, ni pour le territoire concerné (le Blésois), dont on sait qu’il subira les conséquences négatives de cette disparition de ce qui est plus qu’une usine et une marque, mais un patrimoine industriel et un écosystème lié à la production du chocolat sous toutes ses formes (tablettes, poudres, etc.). Le plus choquant est aussi que c’est un groupe français (et non étranger) qui pratique cette politique du désastre, montrant ainsi le peu de cas que les dirigeants d’entreprise, quand ils n’ont pas ce sens de l’appartenance nationale (le fameux patriotisme économique, vanté par l’État mais moqué par les puissances d’argent et les techno-bureaucrates du pays légal ou de l’Union européenne) mais bien plutôt l’esprit de la mondialisation, celui d’un « seul monde » qui permet d’oublier leurs devoirs sociaux à l’égard de leurs propres concitoyens ! Comment « faire nation » quand les acteurs économiques ne pensent plus qu’à « faire profit » ? (3)
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