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« La gauche veut aller plus loin, le gouvernement devra faire des concessions »

Le 17 mai, le ministre de l’Éducation nationale et le secrétaire général de l’Enseignement catholique (SGEC) signaient un accord afin de renforcer la mixité sociale dans les établissements privés. Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, analyse les conséquences de ce protocole.

Iris Bridier. Lors d’un précédent échange, vous déclariez que la mixité sociale dans le privé relevait d’un vœu pieux. Qu’attendre du protocole signé, ce 17 mai, entre Pap Ndiaye et Philippe Delorme ?

Anne Coffinier. À court terme, ce protocole ne changera rien car il ne comporte aucune disposition contraignante et qu’il est signé alors que personne n’a connaissance de la situation de départ. Peu de Français le savent, mais nombre d’établissements privés sous contrat pratiquent déjà des réductions tarifaires au regard de la taille de la fratrie, mais aussi, parfois, des ressources financières des parents. À moyen terme, les écoles privées sous contrat sont prises dans une seringue. Elles ont pris l’engagement ferme de livrer sur un serveur informatique unique des données chiffrées sur leurs instruments de politique sociale. De même que la publication des IPS (indice de positionnement social), en octobre dernier, a conduit le gouvernement à exiger ouvertement et comme jamais auparavant une participation significative de l’Enseignement catholique aux efforts de mixité sociale, la communication de données quantitatives sur la réalité de la politique sociale des écoles privées sous contrat déclenchera inévitablement de nouvelles mesures, beaucoup plus contraignantes. La gauche veut aller plus loin et le gouvernement aura besoin de faire des concessions, comme le veut la « méthode » d’Emmanuel Macron. Cette fois-ci, la montagne a accouché d’une souris. Mais il y a toujours un effet de cliquet. La prochaine fois, les exigences seront plus clairement contraignantes. Et l’on voit mal comment l’Église catholique, qui doit avoir à cœur les pauvres et les déshérités, pourrait politiquement résister durablement à la pression dans le contexte actuel.

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