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L’éditorial de François Marcilhac

Faire échouer Macron

Regardons vers l’avenir, puisque, de nouveau, le suffrage universel a cautionné le déclin de la France.

LA PEUR DE LA LIBERTÉ

Car cette loi qui veut que le suffrage universel soit conservateur s’est de nouveau vérifiée ce 24 avril, comme elle s’était vérifiée en 2017, le prétendu dégagisme d’alors, nous l’avions dit et répété à l’époque, visant surtout le changement dans la plus stricte continuité : celle d’une France qui, par peur de l’inconnu, ou plutôt de ce qui lui est présenté depuis trois décennies comme l’inconnu, continue de se réfugier dans les bras d’une oligarchie qui la berce d’illusions européistes et mondialistes pour mieux lui faire craindre le retour de son indépendance, pire, lui présenter ce retour comme un risque létal, voire une faute morale. Les élites — politiques, économiques, financières, journalistes, et même religieuses — depuis au moins 1992 et le traité de Maastricht enseignent méthodiquement aux Français qu’il n’y pas de salut hors l’asservissement aux logiques supranationales, que tout espoir de libération est un piège tendu par les nationalistes qui veulent l’isolement du pays, que le camp du Bien est du côté de Bruxelles et de Washington et que ce vieux pays millénaire qu’est la France a pour une unique vocation de se dissoudre dans l’Union européenne et l’OTAN. La pandémie et l’Ukraine auront fait le reste. Oui, c’est cette France de la peur d’exister, et donc du renoncement à être, qui a de nouveau gagné avec la réélection de Macron fêtant en 2022, comme en 2017, sa victoire sur fond d’hymne européen.

En vouloir au suffrage universel, voire aux Français eux-mêmes n’aurait donc aucun sens. Les maurrassiens que nous sommes savent que la faute, réelle, incombe à des institutions qui permettent aux ennemis de la France, dont Macron est le chef d’orchestre, de prendre et, surtout, de conserver le pouvoir. Macron n’est en effet que leur chef d’orchestre, même si l’illuminé qui est en lui ne fait qu’aggraver le risque d’un second mandat encore plus destructeur et brutal que le premier. Car il n’est que le courtier d’intérêts supérieurs, l’homme-lige d’un clan oligarchique qui a en lui un serviteur zélé, parfois maladroit, mais, tout compte fait, d’une soumission exemplaire. Macron n’existe pas : il faut en être convaincu soi-même et en convaincre ses compatriotes si l’on veut sortir le pays de l’ornière dans lequel il s’enfonce, année après année, toujours plus profondément.

UN SIGNE D’ESPÉRANCE ?

On peut bien sûr voir dans la progression du score de Marine Le Pen un motif d’espérance, au sens où cette progression traduit une prise de conscience de plus en plus aiguë de la part des Français du piège dans lequel l’oligarchie a enfermé le pays. Pour nous, qui avons le double souci de ramener l’héritier et de sauvegarder l’héritage, un tel signe n’est en rien méprisable. Au contraire. Car nous sommes là pour assumer la tâche quotidienne, si ingrate fût-elle, et cette tâche consiste, pour le moment, à faire barrage au pire. Nous avons échoué le 24 avril. C’est au camp macronien d’échouer aux législatives. La configuration politique n’est pas la même qu’en 2017. Macron n’a pas été élu pour son projet, mais avec la complicité d’un pays légal qui, de manière pavlovienne, a appelé à faire barrage à l’extrême droite. Or le pays est fracturé : aux plans social, générationnel, géographique. Le plus intéressant est que l’idéologie mondialiste semble perdre du terrain chez les 30-50 ans, c’est-à-dire au sein de la classe d’âge qui est, théoriquement du moins, la plus active. Surtout, mal élu, non seulement en raison du record d’abstention, mais parce qu’il ne l’a pas été sur son projet, il se pourrait bien que Macron ne retrouve pas une majorité parlementaire comparable à celle de 2017, ni même de majorité du tout. L’en priver doit évidemment être notre préoccupation première, si peu exaltante soit-elle. Le fait majoritaire ne s’est jamais démenti sous la Ve République depuis 1962, que la majorité soit de la même couleur politique que le président, ou celle d’une opposition structurée (la cohabitation), qu’elle soit monolithique ou fruit d’une coalition. La Ve République a même été fondée pour cela : assurer la stabilité des institutions en rompant avec le régime d’assemblée et son chaos institutionnalisé de compromis éphémères.

TEL  ATTILA…

N’étant ni politologue ni astrologue, nous ignorons au moment où nous écrivons si l’abstention se confirmera aux législatives, par rapport non seulement à la présidentielle, mais également aux législatives de 2017, c’est-à-dire si les Français considéreront que le match est joué. Rien n’est moins sûr, puisque Macron, mal élu, nous l’avons dit, ne porte pas, ou plus, les espoirs d’une majorité de nos compatriotes. En tout cas, il faut d’ores et déjà tout faire pour qu’il échoue à obtenir une majorité lui permettant d’appliquer son programme. Car, ne pouvant se représenter en 2027, soyons sûrs que, s’il a les coudées franches, il sera sur tous les terrains, redoublant de brutalité si nécessaire, pour détruire le pays, notamment à travers ses institutions encore debout. Un fait révélateur : il a signé la disparition du corps diplomatique entre les deux tours. Il veut s’attaquer rapidement à l’école. Et aux retraites. Le bonhomme est pressé. Tel Attila, il visera à ne rien laisser debout en 2027, car ce sont la cohésion sociale et l’unité du pays qu’il a en ligne de mire : institution scolaire, solidarité entre les générations, hôpital public, ce qu’il reste de notre industrie, indépendance militaire et diplomatique de la France à travers la cession à Bruxelles de notre siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et celle de notre industrie militaire et de notre arme atomique à l’Allemagne, sans compter un immigrationnisme forcené et la dissolution sociétale. Il faudra lutter pied à pied contre cette œuvre de mort. Parce que c’est leur raison d’être, avec cet esprit de sacrifice qui les honore, les militants d’Action française ne ménageront pas leurs efforts.

François Marcilhac