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Élections régionales : Bilan globalement positif pour le Parti communiste ?

Par Michel Corcelles

Certes jamais le Val de Marne n’a tenu, dans la saga communiste le rôle de la Seine Saint Denis, mais il ne restait au PCF que ce département et le voilà perdu.

Pour Roger Martelli, par ailleurs ancien membre du PCF. « C’est un amenuisement progressif. La défaite d’aujourd’hui n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, c’est un processus de longue durée. »  Pour lui c’était « prévisible » et « s’il était resté communiste, ça aurait été miraculeux. » Et Roger Martelli qui avait su sauter à temps du Titanic communiste connait bien le terrain pour avoir enseigné à Savigny-sur-Orge puis au Kremlin-Bicêtre  et Nogent-sur-Marne, toujours dans  le 94.

En 1977, à son apogée, le PC est à la tête de 17 mairies dans le Val-de-Marne. En 2008, ils ne sont déjà plus que 12 maires sur 47 communes et la majorité au conseil départemental résultait d’une alliance.

Fidèle aux inépuisables ressources de la dialectique Pierre Lacaze responsable des élections à la direction du Parti communiste, après s’être rituellement félicité du recul du RN, s’est souvenu de Georges Marchais qui avait qualifié de bilan soviétique de « globalement positif ». Pierre Lacaze commentant les résultats de son organisation, aux deux scrutins régionaux et départementaux de juin 2021 déclare « Globalement, nous renforçons notre implantation territoriale » et s’il concède des pertes nettes dans certains départements (l’Allier qui fut sien jusqu’en 2015) il feint de se rassurer en annonçant un gain de 5 conseillers départementaux (160 contre 155). Roger Martelli, en bon camarade trouve au contraire une perte de 8 sièges pour finalement en dénombrer 133 aujourd’hui mais il ne comptabilise pas les élus figurant dans un binôme ou l’élu communiste était associé à un non-communiste, ce qui peut apparaitre curieux du point de vue comptable … mais du point de vue idéologique il est « compréhensible » qu’un élu en tandem avec un non communiste puisse être suspecté d’être en délicatesse avec le Parti. Autrefois le PCF se félicitait d’avoir des compagnons de route. Il craint aujourd’hui de n’être plus que le compagnon de route, un jour des socialistes, un jour de LFI et comble de la déchéance, un jour du … PRG

Si le PCF (selon lui) peut revendiquer une implantation dans 17 nouveaux départements – avec parfois un seul conseiller – il le doit précisément à ces binômes bancals dits d’union de la gauche et on imagine aisément la perte ou l’inexistence d’influence du parti dans ces départements même si le PCF peut revendiquer une présence dans 52 départements. L’important est dans l’éparpillement de la représentation du PCF dans les départements qui va au-delà de la perte du 94 qui le prive de son dernier pivot dans les collectivités locales.

Ce n’est guère mieux dans les régions. Il n’a plus un conseiller régional en Normandie où il conserve une base municipale forte. Trois Conseillers régionaux dans les Hauts de France dans le cadre d’une union de la gauche qui, qu’elle soit de premier ou de second tour donne des résultats aussi calamiteux. C’est moins vrai en Aquitaine ou le président Rousset continue de domestiquer le parti ou en Occitanie où le Parti s’en sort mieux en gagnant des sièges ou encore en Bourgogne France comté où il peut revendiquer 8 élus.

Bref !! pas de quoi pavoiser même si l’Humanité du 29 juin titre « Les communistes sortent globalement renforcés »

Le temps n’est plus ou le PCF, inféodé à Moscou, interdisait toute union de la gauche. Mitterrand a changé la donne avouant à Gabriel Matzneff que la droite – idiote – n’avait pas compris que c’est lui qui plumerait la volaille communiste et la ferait rentrer bon mal gré dans son jeu.

La séquence d’une union de la gauche dont un des deux piliers était le PCF est révolue. Tout au plus est-il une force d’appoint. Sa seule carte étant de pouvoir choisir entre tomber à l’extrême gauche (avec Mélenchon) ou dans le camp social-démocrate avec le PS (comme en Nouvelle Aquitaine) ; sa relation aux écologistes ne lui offrant guère d’option dans cette direction à cause notamment du nucléaire et plus généralement de son approche de la société « industrielle ».

N’oublions pas que pendant des décennies les PCF s’est trouvé – jusqu’à Mitterrand – dans la position d’un « allié objectif » de la droite. Comme par exemple dans le cas de figure ou Fabien Roussel interdirait à Jean Luc Mélenchon d’accéder au 2ème tour de l’élection présidentielle.