Macron, le président de l’effacement
Macron n’a pas attendu la fin complète des restrictions sanitaires pour, aux frais des contribuables, entrer en campagne présidentielle au travers d’un « pèlerinage laïque » (sic) à travers le pays, tout en donnant au passage un coup de pouce aux Marcheurs pour les régionales et les départementales de fin juin. C’est qu’il veut prendre les devants, voyant déjà refleurir sur les ronds-points sa hantise : les Gilets jaunes. Certes, ce retour n’est encore que symbolique, mais les Gilets jaunes, sous une forme ou sous une autre, demeurent la hantise du chef de l’État. Il ne peut tolérer la voix du pays réel, dont l’expression le renvoie à son propre mépris des Français, plus encore qu’à l’échec de sa politique, car, pour parler d’échec, encore aurait-il fallu que Macron ait en vue le Bien commun. Or il ne pense qu’à l’intérêt de sa caste, lequel passe, pour le moment du moins, par sa réélection. C’est pourquoi il feint de renvoyer aux calendes grecques la réforme des retraites, du moins dans la forme, « trop compliquée », qui avait été la sienne, au départ. Elle n’en est plus à un an près, et Macron ne veut pas prendre le risque d’être accusé de diviser les Français à dix mois du premier tour.
Oui, le pouvoir sait qu’il ne maîtrise plus rien et que les sondages sont volatils. S’il bénéficie encore de ce réflexe légitimiste de ceux des Français qui ont peur — Hollande en avait également bénéficié après les massacres islamistes du Bataclan et de Nice —, il n’est pas certain que, l’effacement de la pandémie aidant, sa très relative popularité continue d’en bénéficier. Les raisins de la colère pourraient rapidement remplacer les fruits de la peur. Rien ne nous sera donc épargné, comme ces états-généraux de la justice, dont il vient de faire l’annonce et qui prendront la forme d’une rencontre entre les différents « acteurs » du droit — juges, policiers, personnels pénitentiaires. Seuls seront abusés ceux qui le voudront bien. Comme le montre le récent débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi visant à prévenir les actes terroristes, la seule crainte du Gouvernement, en la matière, n’est pas la commission de nouveaux massacres, mais la censure du Conseil constitutionnel, dont les dérives actuelles inquiètent de plus en plus de Français. Certains parlementaires ont beau s’en plaindre : c’est avec leur consentement, et celui du pouvoir exécutif, que nous sommes d’ores et déjà passés sous le gouvernement des juges, français ou étrangers, du reste…
Le sympathique Stéphane Bern, entrant dans l’armure de Don Quichotte, voit, dans les éoliennes, une cause de soulèvement populaire. Avec la morgue de Macron dénonçant les Amish, Pompili, la ministre de la transition écologique, lui a rétorqué que contester la dimension écologique des éoliennes revenait à affirmer que la terre était plate. L’aveuglement du pouvoir est réel et ce n’est pas un tour de France touristique et surprotégé qui permettra à Macron de renouer le dialogue avec les Français, pour la simple et unique raison qu’un dialogue suppose de parler la même langue, c’est-à-dire de partager la même culture, par-delà les différences sociales. Or il n’y a aucune communauté de pensée entre les représentants d’une caste internationalisée qui s’appuie sur le pouvoir des technocrates et un peuple méprisé dans sa chair et, plus encore, son esprit. « Nos » paysages ne disent rien ni aux écologistes ni aux macroniens, qui finissent de les détruire plus sûrement encore que ne l’avait fait le premier capitalisme, celui-ci au nom de la prospérité, ceux-là au nom du Bien, ce qui est pire. L’écologisme apparaît ainsi comme la nouvelle étape de l’arraisonnement du monde, mâtinée de bonne conscience.
Stéphane Bern a-t-il raison ? Nous ne pouvons que l’espérer. Mais le soulèvement du peuple sera surtout le fruit d’une conjonction de colères (y compris, celle, légitime contre les éoliennes, sur terre ou mer) comme prémices à une convergence des luttes qu’il faudra savoir traduire en acte politique. La gauche, largement responsable de la situation actuelle, par son progressisme scientiste, son mondialisme où l’immigré a remplacé le prolétaire et son sociétalisme promothéen, ne saurait être, idéologiquement, la matrice d’une quelconque renaissance. Par son individualisme consumériste, par son oubli de la nation et du peuple, par un immigrationnisme, non pas idéologique mais d’intérêt, par sa lâcheté et, finalement, sa vacuité intellectuelle, la droite, ou du moins ce qu’on appelle encore ainsi, peine à exister encore. La victoire de Macron est celle du consensus mou, mais mortifère, sur l’inéluctabilité d’un mondialisme d’effacement des peuples, dont la cancel culture n’est au fond que l’expression idéologique la plus radicale, c’est-à-dire la plus pure.
Malheureusement, personne, en France, ne semble avoir, du moins parmi le personnel républicain déclaré, l’étoffe pour être capable de reconstruire la société française sur les décombres d’une entreprise qui la nie fondamentalement. Ce n’est pas de bricolage politique que les Français ont besoin, mais d’une parole vraie, capable de les convaincre, afin de libérer en eux les forces vives de leur renaissance. Cinq nouvelles années de Macron ne seraient pas cinq nouvelles années de perdues. Ce seraient cinq années supplémentaires d’effacement de notre pays, de son identité (immigrationnisme, sociétalisme, repentance) et de sa souveraineté (Europe, États-Unis) d’autant que, sachant qu’il ne pourrait viser un nouveau mandat, comme Attila, ou les Vandales, il finirait de mettre à sac la société française. La réélection de Macron n’est pas une fatalité : il appartient aux patriotes, à tous ceux qui refusent l’effacement de la France, de le prouver.
François Marcilhac