Par Elisabeth Lévy
On dira que le pouvoir l’a bien cherché. Après la publication de la première tribune, celle des généraux en retraite qui s’alarmaient du délitement de la France, la macronie s’est répandue en criailleries hors de propos, dénonçant factieux, putschistes et autres séditieux. Rejoignant en cela le chœur des vierges de gauche qui, entre deux assassinats de policiers, entendaient des bruits de bottes. Quant à la ministre des Armées, droite dans les siennes, elle a réagi en parfait petit chef, promettant sanctions et tracasseries à des vieux de la vieille qui, deuxième section ou pas, ont quitté l’armée d’active. Il aurait peut-être suffi d’un mot présidentiel, laissant entendre que, malgré tout, le message était passé et qu’on entendait en haut lieu les inquiétudes de ces fidèles serviteurs de l’État, pour désamorcer la suite.
À l’armée, le respect des anciens n’est pas seulement un slogan compassionnel destiné à montrer sa bonté. Le mépris et les sarcasmes déversés sur des hommes qui, quoi qu’on pense d’eux, ont accepté (par contrat) de risquer leur peau pour nous et pour pas un rond, semblent en avoir énervé plus d’un dans les popotes et mess. D’où la tribune numéro deux, signée par des militaires d’active placé sous le patronage du couplet des enfants de La Marseillaise – qui commence par « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus » et se termine par « nous aurons le sublime orgueil de les venger ou de les suivre ». Les signataires font les deux à la fois pour leurs anciens, plantant au passage une sacrée épine dans le pied de l’exécutif.
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