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Moi, j’ai dit Pays légal ?

Par Germain Philippe

Face à la menace principale d’Islamisation culturelle et démographique, l’Action Française a nommé l’ennemi prioritaire. Il est politique. C’est le « Pays légal ».

L’expression est l’objet d’un paradoxe. Elle est parfois assimilée au concept « d’Etats confédérés » (pourtant Maurras n’a pas pour habitude de pratiquer la synonymie) mais cette manœuvre disqualifiante, n’empêche pourtant pas son emploi tant par le gouvernement que par l’opposition.

Des exemples ? Oui en voilà, et d’autant plus intéressants car s’étant déroulés après « l’Affaire » de la commémoration du 150 ème anniversaire de la naissance de Maurras. Affaire qui fut un dur camouflet pour la ministre de la Culture Françoise Nyssen, la quasi totalité des membres du Haut-Comité des commémorations nationales ayant démissionné en bloc, dénonçant « la menace de la censure ou de l’autocensure ». Le tout se terminant en beauté, par l’entretien du président de la république en décembre 2020 au journal l’Express, expliquant qu’il ne faut pas faire comme si Charles Maurras n’avait pas existé… des exemples donc, du solide, du concret !

  • le gouvernement d’abord : Son porte-parole, Benjamin Griveaux, loue les visites de terrain des ministres en 2018 : «C’est le pays légal qui rencontre le pays réel». A son tour, devant les députés de la majorité, réunis en 2020 dans le palais présidentiel, Emmanuel Macron illustre la déconnexion entre les citoyens et les élites du pays en reprenant, la distinction entre « pays légal» et «pays réel».
  • l’opposition ensuite, et de droite et de gauche tant qu’on y est : «Le pays réel a parlé», se félicite le président Laurent Wauquiez lorsque deux candidats Les Républicains remportent des élections législatives partielles, en 2018. Puis le député des Insoumis, Clémentine Autain, justifie en 2020, le dépôt de 19.000 amendements contre le projet de loi sur les retraites comme «Une méthode d’interpellation pour faire écho au pays réel».

Et oui, chassez le maurrassisme par la porte du politiquement correct et il revient par la fenêtre de la vraie vie.

Ceci dit, d’autres désignations circulent actuellement, comme « fracture sociale[1] », « Etablissement[2] », « France des métropoles[3] », « bloc élitaire[4] », « Oligarchie[5] », « caste[6] », « anywhere[7] ». Toutes insistent sur la rupture ou la distance entre peuple et classe dirigeante et beaucoup tournent autour de l’appel à la démocratie directe, la « véritable » démocratie. Nous sommes là, dans la VI ème république rêvée des « démolâtres », de  Jean-Marie Le Pen à Jean-Luc Mélenchon. En fait, ces désignations sont des marqueurs de la démagogie. Celle-ci étant, rappelons-le, l’exagération et l’abus de démocratie ou dit autrement, une surenchère démocratiste. D’ailleurs on ignore trop qu’il n’y a pas de véritable frontière entre démagogie et démocratie et c’est pourquoi il faut refuser l’idée d’une pseudo « corruption » de l’idée démocratique.

Il en va différemment du « pays légal » contre-révolutionnaire. Concept évoqué par Antoine Blanc de Saint-Bonnet dans La légitimité (1873), relancé par Charles Benoist, popularisé par Charles Maurras, précisé sociologiquement par Michel Michel, revisité historiquement par Pierre Debray. Le « pays légal » contre-révolutionnaire est une critique démophile[8] de la démocratie. Lui ne dénonce pas une pseudo confiscation de la démocratie, mais la domination exercée sur le pays réel au titre de la souveraineté populaire. Il ne dénonce pas le principe des élites spontanées, mais le Système républicain qui justement n’étant pas leur expression, ne se pérennise qu’en asservissant les factions naturelles, au profit de couches sociales qui tirent directement leur subsistance et leur pouvoir de cette forme de régime. Pour cela le Système républicain gèle la vitalité du pays réel, en le réduisant à l’état de masse (le citoyen consommateur-électeur), face au géant (l’état). Comprenons bien : La destruction du code de différences et d’identités du pays réel permet la durée du Système républicain. C’est une des clés majeures de la démonstration maurrassienne.

Pour l’Action française du XXIème siècle,  le « pays légal » désigne ceux qui par la maitrise politique de l’appareil d’État républicain, exercent une domination sociétale (Manif pour Tous) et sociale (Gilets Jaunes), sans souci du bien commun.

Germain Philippe (à suivre)

Pour lire les précédentes rubriques de la série «  L’Islam menace principale », cliquer sur les liens.

  1. France,  maison de la guerre
  2. Maison de la trêve et territoires perdus de la République
  3. Impact sur la France de la révolution islamiste de 1979
  4. Les beurs et la kalachnikov
  5. Le plan d’islamisation culturelle de la France
  6. Islam radical et barbarie terroriste
  7. Pas d’amalgame mais complémentarité
  8. Pôle idéologique islamiste
  9. Pôle idéologique des valeurs républicaines
  10. Face au djihad culturel : politique d’abord !
  11. Prince chrétien et immigration islamisation
  12. Le Prince et la France chrétienne
  13. Le Prince chrétien et la laïcité
  14. balayons le défaitisme républicain
  15. Balayons le défaitisme démocrate.
  16. Referendum sur l’immigration

[1] Jacques Chirac,

[2] Jean-Marie Le Pen.

[3] Christophe Guilluy,

[4] Jérôme Sainte-Marie,

[5] Hervé Kempf,

[6] Laurent Mauduit,

[7] David Goodhart,

[8] Le terme, inventé par Maurras en 1912 au sujet du pape Léon XIII, n’est toujours pas porté au dictionnaire. Il fut repris par le Dauphin Henri VI, comte de Paris, dans son ouvrage Essai sur le gouvernement de demain.