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Pourquoi Emmanuel Macron s’est emparé du dossier libanais

Par Antoine de La Coste

Une des grandes faiblesses du système démocratique, c’est que tout dirigeant élu pense d’abord à une chose, sa réélection. Fort logiquement, le Président Macron a donc un objectif prioritaire, se faire réélire en 2022.

De nombreux écueils sont à éviter pour arriver à bon port. Ne pas tenir ses promesses et être battu sans gloire dans la course au deuxième mandat, comme Nicolas Sarkozy en 2012 ou rater sa rencontre avec le peuple et être hors d’état de se présenter à nouveau comme François Hollande en 2017.

Un troisième écueil inquiète davantage Macron : ne pas être qualifié pour le deuxième tour. Le socle électoral de Marine Le Pen semble solide et il suffirait de l’arrivée inopinée d’un troisième larron pour tout remettre en cause. Lionel Jospin, à qui la fonction suprême semblait destinée en 2002, en sait quelque chose.

Or, après un début virevoltant, les nuages se sont accumulés sur l’Élysée : gilets jaunes, crise sanitaire puis crise économique, explosion de l’insécurité enfin. Et l’on ne peut pas dire que la gestion de ces dossiers ait été brillante. La violente répression des manifestations de gilets jaunes (combien de borgnes par LBD tirés en pleine face ?) suivie d’un laisser-aller complet lorsque les casseurs et les blacks bocks sont apparus (où étaient les LBD ?) ont provoqué un profond malais.

Ce fut encore pire avec la crise sanitaire et les épisodes grand-guignolesques des masques et des tests. Les Français ont réalisé qu’ils étaient en train de devenir un pays du tiers-monde. Les sommités médicales se succèdent dans les médias, se contredisent tous, ne savent pas grand-chose mais ont de fortes exigences. La dictature sanitaire est toute proche.

Ce n’est guère mieux sur l’insécurité. Les banlieues de toutes les grandes villes, voire les centres-villes eux-mêmes, sont gangrenés par des trafics impunis et « l’ensauvagement » devient une réalité de plus en plus lourde. Tout le monde le sait mais peu agissent, et en tout cas pas au plus haut niveau où l’on est resté au concept si rassurant des « incivilités ». La situation est extrêmement grave et l’État n’a plus de réponse après des décennies de laxisme.

Enfin, pour donner l’impression qu’on fait quelque chose, on s’inquiète du climat et l’on construit des éoliennes, horribles symboles d’un monde déboussolé.

Alors il reste la politique extérieure pour tenter de se donner une stature d’homme d’État. Mais là aussi, le bilan n’est guère brillant.

L’Europe est totalement en panne et le fameux couple franco-allemand un lointain souvenir. Merkel et Macron n’ont à peu près rien à se dire et cela se voit. Les agressions turques en Méditerranée, en particulier contre une frégate française, ont certes provoqué des protestations indignées de nos dirigeants, mais ils ont été lâchés par leurs partenaires de l’OTAN : huit sur trente ont soutenu la France. Il serait d’ailleurs temps de réaliser que l’OTAN n’est que le bras armé des États-Unis et que nous n’avons rien à y faire.

Le Liban peut alors être l’occasion de redorer un blason bien terne. Ce pays qui nous est si cher sombre dans le chaos et, sans impulsion extérieure, n’arrivera pas à se réformer. Emmanuel Macron l’a bien compris et multiplie les démarches pour obliger une classe politique corrompue et incompétente à agir ou passer la main.

Vaste programme que le peuple libanais suit de près et qu’il ne faudra pas décevoir.

Crédit photo : Liban news