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Archipelisation ou libanisation ?

Par Germain Philippe

La technocrature, maladie sénile de la démocratie : (18/20)

La combinatoire apocalyptique

Il faut à la France une alternative aux trois hypothèses d’assujettissement aux partis de l’étranger soutenu par les clans des Yes, des Da et des Hajal. L’alternative devra être française, en un mot : souveraine.

Une alternative et non pas une quatrième hypothèse prospective car, comme pour les pôles idéologiques, il est probable qu’aucun des clans ne l’emportera sur les deux autres. Il faut donc nous attendre à ce que les trois hypothèses se combinent dans une proportion encore impossible à définir. C’est l’alternative à cette combinatoire qui est indispensable à la France. Cette combinatoire sera apocalyptique car « sur le territoire de la France une société nouvelle s’organisera, qui ne sera plus française, même si elle se souvient vaguement d’en avoir reçu l’héritage 1».

En revanche, « Ne désespérons tout de même pas. » conseillait le romancier royaliste Jean Raspail dans le Figaro du 17 juin 2004. En cela il rejoignait le maurrassien « Tout désespoir en politique est une sottise absolue ». Il y présentait sa vision de l’avenir français : « Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français et pas nécessairement tous de race blanche qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. »

Célèbre pour sa stupéfiante prophétie romancée du Camp des Saints de 1973, Raspail annonçait aux lecteurs du Figaro, une future « communauté de la pérennité française » s’appuyant « sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore ». La communauté de la pérennité française de Raspail, cohabiterait avec une communauté musulmane démographiquement expansioniste et avec une communauté déclinante des français de souche acceptant le nouveau moule « citoyen » de 2050.

Fini le romantisme du camp des saints tirant ses dernières cartouches. Jean Raspail rejoignait la combinatoire apocalyptique de Pierre Debray, envisageant comme son maitre Maurras, la démocratie fermant l’histoire de France.

Grand remplacement ? Libanisation ?

Anticipant les contestations, Raspail prenait soin de justifier sa vision en citant le discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003 : « Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République… » L’ancien premier ministre socialiste allait très loin. Rêvait-il àlors à un grand remplacement du type de celui opéré par les colons anglais du Canada éliminant les « nations premières » ? Etait-il alors acquis à la thèse du grand mouvement démographique annoncé en 1974 par le président Boumediene : « Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie. » ? Pour sa part, l’Action française se refuse à minimiser la question dune « une immigration de masse pouvant se trouver à l’origine d’une substitution de population2 ». Elle ne craint pas d’utiliser l’expression « immigration-invasion » là ou Pierre Debray utilisait le terme «  d’invasion barbares ». En revanche la combinatoire faisant cohabiter les trois hypothèses d’américanisation, de pouvoir blanc et de soumission lui semble s’apparenter à autre chose qu’au scénario du Grand remplacement présenté par Renaud Camus en 2010.

L’Action française ne se satisfait pas plus de la notion de « libanisation » de la France, suivant l’expression introduite dans le vocabulaire politique, trente ans auparavant par Jean-Marie Le Pen. Là aussi, même si on peut imaginer que l’état-major de l’Armée de Terre travaille sur ce scénario prospectif, l’Action française n’envisage pas une guerre inter-religieuses comme se fut le cas au Liban à partir de 1976. En revanche, de la notion de « libanisation », l’Action française retient bien la « partition » géographique de territoires entre différentes populations. La République n’a-t-elle pas déjà perdue certains territoires ? La partition entre les territoires des métropoles urbaines et ceux de la France périphérique n’est-elle pas admise par tous, depuis les très sérieux travaux du géographe Christophe Guilly dans son ouvrage novateur Fractures françaises ? Mieux, la partition de notre nation, envisagée par l’Action française n’est-elle pas confortée par les travaux du sociologue de Jérôme Fourquet sur L’archipel français ?

De l’archipellisation à la partition

La France se trouve-t-elle déjà confronté à un séparatisme comme l’a affirmé le Président de la République le 18 février 2020 ? Le séparatisme, précise le dictionnaire Larousse est l’Attitude, tendance à sortir d’un ensemble national et à former une entité politique distincte de l’État d’origine.

Ce qui est certain c’est que la notion de partition semble se trouver confortée par les travaux détaillés et nuancés de Jérôme Fourquet. A partir d’un ensemble d’études d’opinions illustrées par une série de cartes, il montre comment la nation française, jadis structurée par la tradition chrétienne et « l’Église rouge » communiste, est aujourd’hui multiethnique et de facto multiculturelle dans ce qu’il nomme une « archipelisation » par des poches de populations, avec leur habitus, leur culture et leur comportement électoral.

Fourquet se veut rassurant dans la mesure ou dans un archipel, toute île possède une autonomie mais maintient ses capacités d’échanges avec les îles environnantes.

La dynamique d’archipelisation signifierait donc que la société n’est pas totalement communautarisée et donc pas encore en voie de partition. C’est-à-dire que son territoire ne serait pas encore divisé en plusieurs régions dotées de régimes politiques différents. C’est ce que nous allons devoir vérifier pour bâtir une alternative politique adaptée aux besoins de la France.

Germain Philippe ( à suivre)

1 Pierre Debray, Une politique pour le XXI° siècle – Une action française au service de l’avenir, Editions de Flore, 2019, p.203.
2 François Marcilhac et François Bel-Ker, Immigration : esclavage moderne, Editions de Flore, juin 2019, p.4.