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François L’Yvonnet : Guillon, les «comicocrates» et la décence commune

Crédits photo : CHARLY TRIBALLEAU/AFP

FIGAROVOX: Stéphane Guillon a fait une «blague» remarquée sur la mort de la mère de Dupont Aignan. «Je me suis dit que ma mère aurait fait la même chose si je m’étais engagé au côté de Marine Le Pen. Je pense que mère se serait elle aussi laissée mourir.». Que vous inspire cette sortie?

FRANCOIS L’YVONNET: Il n’y a plus de débat politique. Le débat suppose la controverse et l’argument. Il suppose une certaine symétrie, sans laquelle il n’y a pas de débat démocratique contradictoire. Or, que constate-t-on? J’en parle d’autant plus librement que je ne suis électeur ni de Marine Le Pen ni de Nicolas Dupont-Aignan… On constate que l’appel à la mobilisation quasi générale (des politiques, des intellectuels, des comédiens, des journalistes, du clergé, des hommes d’affaires) s’est faite au nom du Bien contre le Mal. L’Empire du Bien, dont a parlé si drôlement Philippe Muray. Le Bien doit être célébré, aimé, admiré. Il n’a pas à être établi. Il se montre dans son évidence, lorsqu’avec autorité on l’oppose au Mal. Le Mal qui est aussi le Laid et le Faux.

Alors vient l’anathème, l’excommunication avec son inévitable cortège. Par exemple, la disqualification a priori. L’adversaire n’existe pas. Il est rien. Rien qui vaille. Il n’est pas vraiment présent (puisqu’il appartient au passé le plus glauque). On en parle en se pinçant le nez. Il est un monstre, dont on peut très librement se moquer. Fût-ce de la façon la plus cruelle. Pourquoi prendre des gants? Les attaques deviennent ouvertement ad hominem ou ad personam. L’abjection, qui était jadis l’apanage de la presse d’extrême-droite, est devenue une arme légitime dès lors qu’elle sert la bonne cause.

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